Les présidents français et russe ne s’étaient pas parlé depuis septembre 2022. Emmanuel Macron réitère le soutien de la France à l’Ukraine, Putin accuse l’Occident d’être responsable de la guerre.
L’échange aura duré plus de deux heures. Mardi 1ᵉʳ juillet, lorsque Emmanuel Macron s’entretient par téléphone, avec Vladimir Putin, comme les deux chefs d’Etat en sont convenus un peu plus tôt, le président français sait son geste à la fois lourd de sens et à double tranchant.
Cet échange était destiné en premier lieu à faire le point sur l’Iran – Paris et Moscou étant cosignataires de l’accord de Vienne de 2015 sur le nucléaire iranien – mais a aussi en partie porté sur l’Ukraine
L’Élysée fait état d’une conversation de plus de deux heures où Emmanuel Macron et Vladimir Putin ont pu mesurer l’éloignement de leurs points de vue.
Le président français a »souligné le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Emmanuel Macron a souligné « le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a insisté l’Elysée, alors que la Russie occupe près de 20 % de ce pays.
Il a appelé à » l’établissement, dans les meilleurs délais, d’un cessez-le-feu et au lancement de négociations entre l’Ukraine et la Russie pour un règlement solide et durable du conflit », a poursuivi l’Élysée.
De son côté, Vladimir Putin a accusé l’Occident d’être responsable du conflit. Selon le président russe, la guerre en Ukraine est « une conséquence directe de la politique des États occidentaux« qui ont « ignoré les intérêts sécuritaires de la Russie depuis des années ». Pour Vladimir Poutine, l’Occident a créé une « tête de pont anti-russe en Ukraine ».
Le chef du Kremlin, accusé de crimes de guerre, est traité en paria par les Européens depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe en février 2022. Mais le péril de la prolifération nucléaire, suscité par le conflit entre Israël et l’Iran lors de la « guerre de douze jours », comme la désigne le président Etats-unien, Donald Trump, a convaincu le chef de l’Etat de renouer le dialogue, près de trois ans après son dernier appel au Kremlin, en septembre 2022.
Paris et Moscou ont un intérêt commun : empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. La Russie dispose, au même titre que la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis d’Amérique et la Chine, d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies. Puissances nucléaires, ces cinq pays sont les garants du traité de non-prolifération (TNP).
Concernant le nucléaire iranien, les deux dirigeants ont « décidé de coordonner leurs démarches et de se parler prochainement afin de faire le suivi ensemble » du dossier, selon l’Elysée.
Malgré les dommages subis par ses installations nucléaires, Téhéran disposait des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l’uranium d’ici « quelques mois » estime le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.
Vladimir Putin a de son côté insisté sur le fait que l’Iran avait « le droit » de développer un programme « nucléaire civil », a précisé le Kremlin
Vladimir Putin et Emmanuel Macron ont martelé que les crises au Moyen-Orient devaient être résolues « par la diplomatie », a rétorqué la présidence russe.
Le dernier échange entre les deux dirigeants remonte au 11 septembre 2022 et portait sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les Russes et dont la sécurité était alors menacée.
Pour l’analyste russe Tatiana Stanovaya, cet appel « ne veut pas dire que l’Ukraine va perdre tout soutien ». « Il montre plutôt la volonté des Européens d’avoir une place à la table » des négociations, même s’il « n’y a rien à discuter » pour l’instant du fait de l’intransigeance russe, a-t-elle déclaré à l’AFP.