Tensions d’ampleur inédite entre la Russie et l’Azerbaïdjan, qui cherche à s’affirmer

Les relations s’enveniment entre la Russie et l’Azerbaïdjan, après une arrestation musclée dans l’Oural qui s’est soldée par la mort de deux ressortissants azerbaïdjanais fin juin. Quelques jours plus tard, la police azerbaïdjanaise a arrêté plusieurs ressortissants russes. Les deux pays s’enfoncent dans une crise diplomatique, l’amitié entre la Russie et l’Azerbaïdjan ne semble plus qu’un lointain souvenir.

Après la mort de deux citoyens russes d’origine azerbaïdjanaise la semaine dernière, la relation diplomatique entre les deux Etats a volé en éclats. Pour Bakou, ce sont des assassinats maquillés. En quelques jours, cette affaire a relancé une crise latente entre la Russie et l’Azerbaïdjan. Arrestations de journalistes, suspension de rencontres diplomatiques, annulation d’évènements culturels : les deux Etats connaissent un regain de tensions.

Sur la première chaîne de télévision russe, le présentateur vedette, Vladimir Solovyev, dénonce « une guerre de propagande enragée » de Bakou contre Moscou. En Azerbaïdjan, les autorités annulent tous les événements culturels russes et la chaine publique « AzTV » diffuse une émission dénonçant les répressions politiques en Russie, comparant Vladimir Putin à Staline. Bakou a convoqué l’ambassadeur russe, dénonçant des « mesures inamicales ». De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a critiqué la « réaction très émotionnelle » de l’Azerbaïdjan, l’accusant de « démanteler délibérément » les relations bilatérales.

Moscou risque de perdre l’un des derniers partenaires stables du Caucase. L’Azerbaïdjan, qui faisait jusqu’ici figure d’interlocuteur modéré, affiche désormais une posture offensive. Le Kremlin redoute un alignement plus affirmé de Bakou sur les positions turques et occidentales, ce qui réduirait davantage son influence dans la région.

Autre crainte pour la Russie : voir Ankara s’irriter d’un conflit ouvert avec un Etat turcophone allié, ce qui pourrait affaiblir leur partenariat déjà délicat.

La crise actuelle s’inscrit dans un processus de détachement progressif amorcé depuis plusieurs années. En février 2022, juste avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Bakou et Moscou signaient encore une « déclaration d’interaction alliée ». Mais cette dynamique a rapidement volé en éclats.

L’invasion russe de l’Ukraine, puis le retrait des soldats russes du Haut-Karabakh après la reconquête totale de la région par l’Azerbaïdjan en 2023, a fragilisé l’image de Moscou comme puissance protectrice. Dans ce conflit, la Russie n’a pas défendu les séparatistes arméniens, ses alliés traditionnels, ce qui a été perçu à Bakou comme un feu vert implicite à sa reconquête territoriale.

Depuis, l’Azerbaïdjan assume une stratégie d’autonomie régionale. Elle s’appuie sur son alliance militaire avec la Turquie, ses exportations gazières vers l’Europe et ses ambitions d’acteur pivot dans le corridor énergétique transcaspien.

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