Accord UE-Israël : la majorité présidentielle et le RN bloquent une résolution dénonçant les violations à Gaza

Le Mardi 2 juillet 2025, la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale a rejeté une résolution parlementaire portée par La France insoumise (LFI), qui visait à dénoncer l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Le texte, déposé en réponse à la situation humanitaire catastrophique à Gaza et aux décisions de justice internationales visant les autorités israéliennes, a été bloqué par une coalition de députés de la majorité présidentielle, du Rassemblement national (RN) et des Républicains (LR).

Une résolution écartée par une majorité transpartisane

L’article unique de la résolution, proposé par les députés LFI, appelait à conditionner les relations entre l’UE et Israël au respect du droit international, dans le contexte des violations graves constatées à Gaza. Il s’appuyait notamment sur les ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ) et sur les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

L’amendement de suppression, présenté par Caroline Yadan, députée de la majorité présidentielle (Renaissance), a recueilli 25 voix pour et 15 contre, avec le soutien du RN, des Républicains et de quelques élus Divers droite, enterrant ainsi la proposition de LFI. Une seconde résolution similaire, défendue par une députée écologiste, a également été rejetée dans la foulée.

LFI dénonce un “vote scandaleux” et une “trahison morale”

Dans un communiqué publié dans la soirée, le groupe LFI a vivement dénoncé ce vote qu’il juge « scandaleux » et « en totale contradiction avec la diplomatie française », qui a elle-même évoqué, à plusieurs reprises, la possibilité de sanctions contre Israël. Les Insoumis estiment que les parlementaires de la majorité et leurs alliés ont « déshonoré leur mandat » en s’opposant à une initiative légitime face à une crise humanitaire majeure.

Le groupe rappelle que la France, en tant que signataire de la Convention sur le génocide, est tenue d’agir pour empêcher tout acte de génocide à Gaza, et demande des mesures concrètes :
• un embargo total sur les armes à destination d’Israël,
• l’application immédiate des mandats d’arrêt internationaux,
• et des sanctions économiques et financières à l’encontre des dirigeants israéliens.

Une situation humanitaire dramatique à Gaza

Depuis la reprise des opérations militaires israéliennes le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu de quelques semaines, près de 6 000 Palestiniens ont été tués, portant le bilan total à plus de 57 000 morts depuis le début du conflit en octobre 2023. Une majorité des victimes sont des civils, dont de nombreux enfants et femmes.

Malgré les condamnations internationales, Israël maintient un blocus strict de la bande de Gaza, interdisant ou limitant sévèrement l’entrée de l’aide humanitaire. Le ministre de la Défense, Israel Katz, a récemment réaffirmé qu’« aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza », citant des raisons de sécurité nationale.

Cette situation est dénoncée par de nombreuses ONG internationales, dont Médecins du Monde, Oxfam ou encore le Norwegian Refugee Council, qui parlent d’un « effondrement total » de l’aide humanitaire et de l’un des pires drames humanitaires contemporains.

La Cour internationale de justice, dans un arrêt du 26 janvier 2024, avait pourtant ordonné à Israël de prévenir tout acte de génocide et de faciliter l’accès de l’aide humanitaire. Le 21 novembre 2024, la Cour pénale internationale a émis plusieurs mandats d’arrêt, dont un contre le Premier ministre Netanyahu, toujours en fonction.

Un vote lourd de symboles

Le rejet de cette résolution au Parlement français reflète une fracture politique et morale profonde sur la question israélo-palestinienne. Tandis que certains députés invoquent la nécessité de préserver les relations diplomatiques et stratégiques avec Israël, d’autres considèrent qu’une absence de réaction ferme revient à cautionner l’impunité face à des crimes graves.

En rejetant la proposition de dénonciation de l’accord UE-Israël, la majorité présidentielle, le RN et les Républicains ont bloqué une tentative parlementaire de mise en conformité du droit international avec les engagements de la France. Dans un contexte de crise humanitaire majeure à Gaza, cette décision suscite l’indignation d’une partie de la classe politique et de la société civile, alors que la pression internationale pour un cessez-le-feu et des sanctions contre les dirigeants israéliens ne cesse de croître.

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