L’armée israélienne a annoncé le lancement mardi avant l’aube de son offensive terrestre majeure à Gaza-ville, après le soutien « indéfectible » affiché par l’allié américain pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas.(Source : AFP).
A Genève, une commission d’enquête mandatée par l’ONU a accusé pour la première fois Israël de commettre un « génocide » à Gaza, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres responsables israéliens. Israël a rejeté un « rapport mensonger ».
L’offensive à Gaza-ville a été condamnée par l’ONU, l’Union européenne et Londres, alors que la Défense civile a fait état de 31 morts à travers le territoire palestinien dont plusieurs à Gaza-ville.
L’assaut a été annoncé juste après le départ d’Israël du secrétaire d’Etat Marco Rubio qui a qualifié de « groupe de sauvages » le Hamas, dont l’attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a provoqué la guerre dans la bande de Gaza.
Les troupes israéliennes avancent « vers le centre » de Gaza-ville et ont « étendu les activités terrestres dans ce principal bastion du Hamas », a dit un responsable militaire.
« La phase principale de l’offensive a commencé pendant la nuit (…) », a-t-il dit en estimant à « 2.000 à 3.000 » le nombre de combattants du Hamas opérant dans l’agglomération dont l’armée veut s’emparer.
Des témoins ont fait état de bombardements intenses et incessants sur Gaza-ville, déjà en grande partie détruite par l’offensive israélienne lancée il y a près de deux ans dans la bande de Gaza assiégée en riposte à l’attaque du 7-Octobre.
« On peut entendre leurs cris »
« On peut entendre leurs cris », a raconté un habitant, Ahmed Ghazal, en allusion « aux nombreuses personnes bloquées sous les décombres à Gaza-ville », la plus grande agglomération du territoire située dans le nord.
« Nous avons retiré des enfants déchiquetés », a dit un autre, Abou Abd Zaqout, alors que des Palestiniens fouillent sous des blocs de béton.
L’armée israélienne « frappe d’une main de fer les infrastructures terroristes (…) pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas. Gaza brûle! », a déclaré le ministre de la Défense Israël Katz, en allusion aux otages enlevés durant l’attaque du 7-Octobre et retenus à Gaza.
Selon le responsable militaire, environ 40% des habitants de Gaza-ville et ses environs, estimés à un million par l’ONU, ont quitté la ville.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
« Les Israéliens ont commencé à mener des opérations là-bas (Gaza-ville). Nous avons une petite fenêtre pour qu’un accord (de cessez-le-feu) puisse être conclu » avec le Hamas, a dit M. Rubio avant son départ d’Israël mardi, en évoquant « probablement quelques jours, peut-être quelques semaines ».
La veille à Jérusalem, il a promis le « soutien indéfectible » de Washington à Israël pour éliminer le Hamas.
M. Rubio a dit préférer une solution diplomatique qui verrait une démilitarisation du Hamas, avant d’ajouter: « parfois, lorsqu’on traite avec un groupe de sauvages comme le Hamas, ce n’est pas possible, mais nous espérons que cela puisse arriver ».
« Les otages en danger »
Le Forum des familles des otages a déclaré que celles-ci étaient « terrifiées » pour leurs proches après l’intensification des frappes à Gaza. M. Netanyahu « fait tout pour qu’il n’y ait pas d’accord et pour ne pas les ramener », a-t-il dit.
L’offensive à Gaza-ville a entraîné des condamnations dans le monde. Le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a exigé la fin du « carnage », pointant lui aussi des « preuves grandissantes » d’un « génocide ». Londres l’a jugée « épouvantable » et estimé qu’elle « met en danger les otages ». L’Union européenne a déploré « plus de destructions, plus de morts ».
Le déplacement de M. Rubio dans la région est intervenu après une attaque israélienne inédite le 9 septembre à Doha contre des chefs du Hamas qui ont survécu selon le mouvement.
Avant son départ de Doha pour Londres, il a réaffirmé à l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani le soutien des Etats-Unis. Le président Donald Trump a critiqué la frappe à Doha mais a assuré qu’Israël « ne frappera (plus) au Qatar », un allié des Etats-Unis.
L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l’armée.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.964 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.
L’ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.