Depuis plusieurs jours, l’Algérie est secouée par une série d’agressions spectaculaires qui alimentent un climat de peur dans la population. Ces attaques, souvent filmées et massivement relayées sur les réseaux sociaux, suscitent une profonde indignation et posent la question de la sécurité dans les villes du pays.
Des agressions qui marquent les esprits
À Aïn Fakroun, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, un sexagénaire a été attaqué en plein jour par deux jeunes armés de couteaux. Ils voulaient lui voler sa sacoche. L’homme, gravement blessé au bras et à l’abdomen, a dû subir une opération chirurgicale. L’affaire ne s’est pas arrêtée là : trois personnes ont été interpellées, et deux d’entre elles ont été condamnées à quinze ans de prison ferme. La diffusion de la vidéo de l’agression a provoqué un véritable choc émotionnel dans la région.
À Tipaza, c’est sur une plage que des estivants, dont des familles entières, ont été violemment pris à partie. La gendarmerie est intervenue rapidement et a procédé à trois arrestations, tandis que deux suspects sont toujours recherchés.
À Oran, une agression à l’arme blanche filmée par des passants en pleine rue a également conduit à plusieurs interpellations. Ces attaques, marquées par leur brutalité et leur mise en scène, renforcent le sentiment d’insécurité et de vulnérabilité de la population.
Une insécurité alimentée par la drogue
Les autorités assurent que l’Algérie reste « globalement sûre », mais le ressenti de la population est tout autre. La montée de la petite délinquance et de la consommation de stupéfiants inquiète particulièrement.
Pour l’avocat Mahdi Halfaoui, le lien entre drogue et violences est évident : « 80 % des violences sont liées à la drogue, en particulier aux psychotropes. » Ces propos rappellent que la lutte contre l’addiction est aussi une lutte contre la criminalité urbaine.
Réponse judiciaire et arsenal répressif
Face à cette montée des agressions, les autorités misent sur une législation sévère. L’Ordonnance présidentielle 20-03 du 30 août 2020 prévoit jusqu’à vingt ans de prison et 2 millions de dinars d’amende pour les membres de gangs de quartiers. Ce texte vise à dissuader la criminalité organisée et à rétablir l’ordre dans les espaces publics.
Les citoyens en première ligne
La population joue désormais un rôle crucial. Filmer les agressions est devenu un moyen de documenter les faits et d’aider la justice. « Filmer des agressions facilite le travail de la justice grâce aux preuves que ce geste apporte », rappelle Mohamed Ben Yettou. Ces vidéos permettent souvent d’identifier rapidement les auteurs et d’accélérer les procédures judiciaires.
Un défi de société
Si les agressions restent statistiquement limitées, leur caractère spectaculaire et leur large diffusion sur les réseaux sociaux nourrissent un climat de peur. Restaurer la confiance des citoyens dans la sécurité publique passera non seulement par la répression, mais aussi par la prévention, la lutte contre l’addiction et le renforcement de la présence policière sur le terrain.
La vague actuelle d’agressions rappelle aux autorités que la sécurité est un enjeu majeur pour la cohésion sociale et la sérénité des Algériens.