Cinéma – sorties salles (France) du 17 septembre 2025 : « La tour de glace » ou le reflet d’une (trop) longue nuit frigorifique d’hiver.

Énième semaine sans grand intérêt en ce qui concerne les sorties cinématographiques dans les salles françaises de cette semaine du 17 septembre 2025. Alors, oui, il y a une très grosse sortie cinéma avec le manga « Demon slayer : la forteresse infinie » mais, si vous ne suivez pas la série animée depuis son début, il y a des années, pas la peine de s’y arrêter car ce film correspond, peu ou prou, au début d’une cinquième saison et, si la bande annonce nous avait plu, nous n’en avions jamais vu le moindre épisode. Seul le film chinois « Left-hand girl » trouvait vraiment grâce à nos yeux. Hélas, n’ayant pas eu l’opportunité de le voir en projection presse et celui-ci n’étant pas diffusé dans notre ville de résidence, nous n’allions tout de même pas faire une centaine de kilomètres pour ne passer que 1h49 dans une salle obscure.

Nous restait l’option « La tour de glace », qui, malgré une bande-annonce qui nous laissait hésiter, se présentait en bouée de sauvetage si nous voulions pouvoir faire notre travail de critique ciné cette semaine. Avec le recul du visionnage de ce film, nous en venons à nous dire que boire la tasse nous aurait laissé un moins mauvais goût…

Ce 17 septembre 2025 est sorti le quatrième et dernier film (si seulement cela pouvait être vrai à tous les niveaux lorsque l’on prend ce film comme référence) de la réalisatrice française Lucile Hadžihalilović, intitulé « La tour de glace », avec Marion Cotillard (qui retrouve la réalisatrice pour la deuxième fois, ayant joué dans le premier long métrage de celle-ci, en 2004) en « co – rôle principal » avec Clara Pacini, actrice de vingt-deux ans au moment du tournage mais interprétant une adolescente à l’âge non défini dans ce film même si certains résumés nous disent qu’elle est âgée de 15 ans.

Prétextant se baser sur le célèbre conte « La reine des neiges », du danois Hans Christian Andersen (au point que, en 2017, la réalisatrice – qui en a également pondu le scénario – avait donné comme titre celui éponyme du conte), ce film en est, en réalité, très loin dans son parallèle avec l’histoire et/ou les personnages développés mais également dans ce qu’il fait passer pour le conte lui-même qui, dans ce long métrage, est l’objet d’un film dont la diva insupportable, Cristina (Marion Cotillard) interprète le rôle-titre. En effet, mis à part que dans le conte d’Andersen l’héroïne est une petite fille (qui se prénomme Gerda), cette dernière n’est nullement admirative ou sous un quelconque charme, etc… de la reine, puisque, au contraire, elle effectue un grand périple, avec de nombreuses aventures, pour aller sauver son meilleur ami (et, en fait, son « petit amoureux »), Kay, qui a été ensorcelé parce que deux morceau d’un miroir maudit construit par un sorcier lui sont rentrés dans l’œil, le rendant froid, insensible et cruel, avant que d’être enlevé par la reine des neiges (comme on le constate, absolument rien à voir non plus avec la pitoyable version militantiste féministe de Disney…). Et, lorsque Gerda parvient, grâce à son profond amour pour son ami, à le libérer, à la fois, du sortilège provoqué par les morceaux du miroir que de son état d’esclave de la reine des neiges, à aucun moment il n’est sous-entendu que la petite fille éprouve le moindre sentiment favorable envers ladite reine… loin s’en faut. Dans « La tour de glace », au contraire, Lucile Hadžihalilović nous raconte l’histoire d’une adolescente qui se prénomme Jeanne mais se fait appeler Bianca – prénom d’une adolescente qu’elle a admiré patiner (et, avec une très probable attirance charnelle pour celle-ci) en qui se mêlent fascination, amour et désir saphique plus ou moins inconscient ainsi que recherche d’une mère, envers cette actrice très semblable dans la vie à son personnage, mais aussi, peut-être, la secrète envie de prendre la place de cette diva/reine. Et, tout cela est sensé nous parler d’un film d’initiation, de passage de l’enfance à la vie d’adulte, de ressemblance (le mot « glace », dans le titre, est à double sens, signifiant à la fois l’eau gelée que le miroir) et même d’alter ego. En réalité, ce film n’ayant aucune narration sensée, aucune temporalité, des dialogues bien souvent incompréhensibles, des actes décousus, il faut plutôt lire le dossier de presse pour y voir ce thème tellement ce film est mal alambiqué – ce qui est bien dommage car il y avait de quoi aboutir à une histoire véritablement intéressante.

Et, si encore ce film n’avait eu que les défauts sus-nommés, on aurait presque pu le supporter. Mais, hélas, il faut que ce soit également une catastrophe d’un point de vue technique et interprétatif, particulièrement de la part de la jeune actrice, Clara Pacini, qui est en-dessous de tout dans le jeu. D’ailleurs, pour qu’elle soit à ce point mauvaise interprète, on se demande si ce n’est pas à cause des exigences pseudo-intellectuelles et prétendument artistiques de la réalisatrice (car, le film est de cette catégorie reconnaissable de films qui se prennent au sérieux, persuadés d’être très intelligents et intellectuels mais qui ne sont qu’ « intellos »). Marion Cotillard, elle, s’en sort assez bien dans ce rôle d’actrice-diva tellement détestable sur les plateaux de tournage que c’est vivre le bagne que de travailler avec elle en vedette (sur ce point, au moins, on retrouve la même froideur, la même « perversité » de la part de l’actrice Cristina que dans le personnage du conte original).

Techniquement, comme nous l’avons indiqué au-dessus, là aussi, il y a une volonté de faire « à part », « spécial » et pensant peut-être même faire preuve de génie par ses choix esthétiques. Mais, franchement, il faut énormément de courage pour, en plus de supporter un film très lent et (trop) long (1h57mns), chercher les interprètes dans l’image et/ou leurs expressions de visages, la plupart du temps, du fait d’une sous-exposition pour au moins les trois quarts du film. Mis à part les scènes représentant le tournage du film « la reine des neiges » sous la fausse neige, dans le studio faisant croire à des extérieurs, les moments du films suffisamment éclairés se comptent sur les doigts d’une main. Votre autre main, elle, vous sert à comptabiliser le nombre de plans réussis, avec un cadrage intelligent, une bonne photographie et une belle lumière – et qui sont toujours pour Marion Cotillard et, à l’exception d’un plan dans la loge du studio de tournage, exclusivement lorsqu’elle interprète la reine des neiges). Après cela, il vous reste trois ou quatre plans de bonne facture avec le personnage de Jeanne/Bianca, une fois de plus, dans le cadre de la narration du conte, sur le plateau de tournage.

Pour résumer, « La tour de glace » est un film d’une lenteur inutile et sans véritable fin, rendu encore plus insupportable par sa non narration, son identité visuelle qui empêche, la plupart du temps, de savoir ce qui se passe à l’écran (pour le peut de fois où il se passe quelque chose d’intéressant), pseudo-contemplatif (éléments servants pratiquement toujours aux réalisateurs pour simuler de la « profondeur » à leur films), le tout pendant pratiquement deux heures… Pas surprenant que, pour sa première journée d’exploitation, ce mercredi 17 septembre (avant-hier par rapport au moment où nous rédigeons cette critique), il n’a fait que 600 entrées – ce qui assure qu’il sera un four complet (et mérité), et alors qu’il a tout de même coûté la bagatelle de 6 millions d’euros pour le produire.

Christian Estevez

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