Une cyberattaque ciblant un logiciel d’enregistrement des passagers a semé la pagaille samedi dans plusieurs aéroports européens. Survenue vendredi soir, elle a entraîné de nombreux retards et annulations de vols, en particulier à Bruxelles, Berlin et Londres.(Source : AFP).
Plusieurs aéroports européens, dont ceux de Bruxelles, Heathrow (à Londres), Berlin et Dublin, sont perturbés, samedi 20 septembre, en raison d’une cyberattaque sur un logiciel fourni par une entreprise pour l’enregistrement des passagers. Ces derniers ont parfois dû attendre de longues heures avant de pouvoir effectuer cette formalité.
« Nous sommes informés d’une perturbation d’origine cyber sur notre logiciel Muse dans plusieurs aéroports », a indiqué l’entreprise Collins Aerospace dans une courte déclaration, ajoutant que l’impact « se limite à l’enregistrement électronique des clients et au dépôt des bagages ».
L’entreprise n’a pas donné plus de précisions sur les modalités et l’origine de cette cyberattaque.
L’enregistrement et l’embarquement affectés
Sur son site Internet, l’aéroport de Bruxelles a précisé que cette « cyberattaque » s’était produite « vendredi soir ». « Cela a eu des conséquences importantes sur le programme de vols et entraînera malheureusement des retards et des annulations », a-t-il ajouté, car l’enregistrement et l’embarquement devaient se faire de manière manuelle.
Selon des images filmées par l’AFP, d’importantes files d’attente s’étaient formées près des guichets d’enregistrement.
« Je dois attendre quatre heures, c’est comme ça. On fait avec. (…) On attendra et puis voilà », affirme résigné à l’AFP Redouane, un Français agent administratif de 34 ans.
À Londres, à l’aéroport de Heathrow, principal aéroport international de la capitale, de longues queues sont également visibles devant la plupart des guichets du terminal 4, a constaté une journaliste de l’AFP. L’aéroport a indiqué être également concerné par ces perturbations.
« Il nous ont dit que le système ne fonctionnait pas (…). Il y a toujours beaucoup de monde mais aujourd’hui il y en a beaucoup plus », assure Rowan, une architecte de 41 ans, qui devait s’envoler à 14 h 45 (13 h 45) pour l’Arabie saoudite.
Une passagère algérienne de trente ans, qui n’a pas souhaité donner son nom, affirme attendre depuis plus d’une heure pour enregistrer son bagage. « Ça ne bouge pas du tout. Ils disent qu’ils doivent tout faire manuellement », dit-elle, inquiète de rater son vol vers son pays.
« Aucune restriction du contrôle aérien sur le réseau européen »
Heathrow conseille aux passagers de vérifier la situation de leur vol avec leur compagnie aérienne et de venir très en avance pour avoir le temps d’effectuer les formalités d’enregistrement.
De son côté, l’aéroport de Berlin indique aussi sur son site Internet être touché par ce « problème technique chez un fournisseur ». Tout comme ceux de Dublin et Cork, en Irlande, dont le gestionnaire signale des « conséquences mineures » sur le trafic.
L’organisme de surveillance du secteur aérien Eurocontrol a indiqué qu’il n’y avait « aucune restriction du contrôle aérien sur le réseau européen » du fait de l’incident.
L’aéroport de Bruxelles a demandé aux compagnies aériennes d’annuler la moitié de leurs vols au départ, jusqu’à 2 h GMT lundi, a-t-il ajouté.
Collins Aerospace dit travailler à résoudre l’incident « aussi vite que possible ». La société, spécialiste notamment du traitement des données dans l’aéronautique, est une filiale du groupe américain d’aéronautique et de défense RTX (ex-Raytheon). Elle fournit ses services d’enregistrement dans 170 aéroports dans le monde, selon son site Internet.
Ces actions visant des prestataires de services « deviennent plus fréquentes, car en pénétrant un seul système, elles permettent de potentiellement viser plusieurs utilisateurs, dont de grandes organisations, comme ici » avec plusieurs aéroports européens, a expliqué Alan Woodward, expert en cybersécurité de l’université du Surrey, au Science Media Centre.
Tout l’enjeu est « d’éviter la contagion », a aussi souligné auprès de l’AFP Anita Mendiratta, experte en tourisme et en aviation, qui conseille notamment l’agence de l’ONU pour le tourisme.
Des cyberattaques et pannes numériques ont perturbé le transport aérien dans le monde ces dernières années, le secteur dépendant de plus en plus de systèmes numériques.
Dans un récent rapport sur la menace cyber dans le secteur aérien, le groupe de défense et de technologies Thales faisait état de 27 cyberattaques au rançongiciel entre janvier 2024 et avril 2025 dans l’aviation, soit une hausse de 600 % sur un an, visant les compagnies aériennes, les aéroports, les systèmes de navigation ou encore les sous-traitants.
En juillet dernier, la compagnie aérienne australienne Qantas a été ciblée par des hackers qui ont pénétré dans un système abritant les données sensibles de six millions de ses clients. En décembre 2024, la compagnie Japan Airlines, avait également été visée.