Claudia Cardinale, légende franco-italienne du septième art et symbole d’une époque où le cinéma européen rayonnait sur le monde, est décédée mardi à l’âge de 87 ans, entourée de ses enfants, à Nemours, près de Paris, où elle résidait. La nouvelle a été annoncée par son agent, Laurent Savry, dans un message transmis à l’AFP.
Avec elle disparaît bien plus qu’une actrice : une figure de liberté, de charme et de force, qui a marqué le cinéma italien et international des années 1960 et 1970, et qui a su faire de sa vie un récit d’émancipation.
Une jeunesse bouleversée par le destin
Née à Tunis en 1938 dans une famille italienne, Claudia Cardinale grandit dans un univers où l’on parle français à la maison et où l’on imagine pour elle un avenir d’institutrice. Mais le destin – ce « mektoub » qu’elle aimait évoquer – en décide autrement.
Repérée presque par hasard dans un court-métrage en 1956, puis élue « plus belle Italienne de Tunisie » l’année suivante, elle est projetée dans le monde du cinéma sans l’avoir réellement choisi. Son premier rôle marquant survient en 1959 dans Le Pigeon, qui révèle au public européen une jeune femme farouche, à la beauté singulière et à la présence magnétique.
L’ascension fulgurante d’une étoile
Sous l’aile du producteur Franco Cristaldi, qu’elle épousera plus tard, Claudia Cardinale enchaîne les tournages et devient rapidement une star. Son talent séduit les plus grands : Visconti (Rocco et ses frères, Le Guépard), Fellini (Huit et demi), Blake Edwards (La Panthère rose), ou encore Sergio Leone, qui lui offre un rôle mémorable dans Il était une fois dans l’Ouest (1968), où elle incarne l’inoubliable Jill McBain.
La presse la compare à Brigitte Bardot et joue de leurs initiales : « B.B. contre C.C. ». Mais derrière la beauté éclatante, Claudia Cardinale impose un jeu sincère, instinctif, qui lui permet de s’affirmer comme l’une des grandes actrices de son temps.
Une vie marquée par les épreuves
Derrière le glamour, son parcours reste jalonné de luttes personnelles. En 1958, victime d’un viol, elle tombe enceinte et décide de garder l’enfant, qu’elle élèvera longtemps dans le secret. Cette épreuve, qu’elle révélera bien plus tard, forge sa détermination à prendre sa vie en main et à construire son indépendance.
Elle finira par rompre avec Cristaldi, qu’elle accuse de l’avoir enfermée dans un contrat injuste. Sa rencontre avec le réalisateur Pasquale Squiteri dans les années 1970 marque un tournant : elle quitte tout pour le rejoindre à New York, choisissant l’amour et la liberté au détriment de sa carrière.
Une actrice engagée
Installée en France à la fin des années 1980, Claudia Cardinale poursuit sa carrière au cinéma, au théâtre et à la télévision. En 1993, elle reçoit un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Mostra de Venise.
Au-delà des écrans, elle se consacre à des causes qui lui tiennent à cœur : ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco dès 2000, elle milite pour les droits des femmes et la protection des droits humains.
Un héritage éternel
Icône intemporelle, Claudia Cardinale restera comme l’une des dernières grandes figures de l’âge d’or du cinéma européen. Son élégance, son intensité et son indépendance continuent d’inspirer générations d’acteurs et de spectateurs.
« J’ai incarné au cinéma toutes sortes de femmes… J’ai donné à chacune d’elles quelque chose de moi, de mon moi secret », confiait-elle. C’est ce « moi secret », entre force et fragilité, qui continuera de briller dans la mémoire collective.