Une volte-face qui choque l’opinion.Ardent défenseur de la cause palestinienne depuis plus de deux décennies, le président turc Recep Tayyip Erdogan fait face à une contestation sans précédent. L’annonce, le 29 septembre, de son soutien au plan proposé par Donald Trump pour Gaza a provoqué une avalanche de critiques, y compris parmi ses propres partisans.
Jamais, en vingt-trois ans de pouvoir, Erdogan n’avait été autant pris à partie sur ses propres réseaux sociaux. Son message publié en turc et en anglais sur X — dans lequel il « salue les efforts et le leadership » du président américain pour mettre fin au « bain de sang à Gaza » et instaurer un cessez-le-feu — a suscité une onde de choc.
Un déferlement sur les réseaux sociaux
En quelques heures, le post a été vu 1,5 million de fois et a généré plus de 2 000 réponses, majoritairement négatives. De nombreux internautes ont accusé le chef de l’État d’« hypocrisie » et de légitimer un plan conçu sans la participation des Palestiniens, largement perçu comme favorable aux intérêts israéliens.
Certains utilisateurs ont qualifié Erdogan de « promoteur du génocide » — une expression qu’il utilise lui-même régulièrement pour décrire les violences à Gaza — ou encore de « marionnette ». D’autres ont invoqué le devoir islamique, l’histoire ou même ses engagements politiques passés pour dénoncer un revirement jugé incompréhensible.
La justification d’Ankara
Dans son message, Erdogan a tenu à souligner que la Turquie continuerait « à contribuer au processus afin d’instaurer une paix juste et durable, acceptable par toutes les parties ». Mais ces précisions n’ont pas suffi à apaiser la colère. Pour ses détracteurs, le président turc, qui s’était imposé comme l’une des voix les plus virulentes contre Israël depuis le début de la guerre à Gaza, aurait trahi son propre discours.
Un séisme politique intérieur
Cette controverse fragilise l’image d’Erdogan, dont la posture de défenseur de la Palestine a longtemps nourri sa popularité sur la scène intérieure et internationale. Le ralliement au plan américain apparaît, pour beaucoup, comme une contradiction majeure avec son positionnement habituel et comme une concession inacceptable à Washington.
Le débat, qui enfle à travers la Turquie, montre à quel point la question palestinienne reste un sujet hautement sensible dans l’opinion publique turque.