Washington dénonce une mesure « néocoloniale » à la veille d’un vote crucial à l’Organisation maritime internationale (OMI).
Encore une démonstration de fermeté de la part de Washington. Vendredi 10 octobre, les États-Unis ont menacé d’imposer des sanctions économiques et diplomatiques à tout pays qui voterait en faveur de la taxe carbone sur le transport maritime, actuellement en discussion au sein de l’Organisation maritime internationale (OMI), une agence spécialisée des Nations unies basée à Londres.
Selon le secrétaire d’État Marco Rubio, accompagné de ses homologues à l’Énergie et aux Transports, cette mesure constituerait « une initiative néocoloniale imposée aux nations souveraines ». Dans un communiqué conjoint, ils ont affirmé que Washington “se battra avec acharnement pour protéger ses intérêts économiques” et qu’“aucun pays ne doit supporter le fardeau d’une taxe carbone mondiale injuste”.
Une première mondiale jugée inacceptable par Washington
Le projet d’accord, baptisé “NZF” (Net Zero Framework), vise à réduire les émissions de CO₂ du secteur maritime international, responsable d’environ 3 % des émissions mondiales. Il prévoit la mise en place d’une taxe carbone destinée à financer la transition énergétique du transport maritime, notamment via l’utilisation de carburants plus propres.
Pour les États-Unis, cette proposition revient à « punir les économies en développement et à accroître les coûts pour les consommateurs américains ». Washington souligne qu’il s’agirait de la première taxe carbone mondiale imposée par une agence onusienne, une idée jugée « inacceptable et contraire aux principes du libre-échange ».
Des sanctions ciblées envisagées
Les autorités américaines menacent de restreindre les visas des responsables gouvernementaux issus de pays soutenant la mesure, mais aussi d’imposer des frais portuaires supplémentaires aux navires battant pavillon de ces États. « Nous ne tolérerons aucune mesure susceptible d’augmenter les coûts pour nos citoyens, nos fournisseurs d’énergie, nos compagnies maritimes et leurs clients, ou encore nos touristes », ont averti les ministres.
Washington estime que les conséquences économiques d’une telle taxe pourraient être « désastreuses », certaines études internes évoquant une hausse de 10 % ou plus des coûts mondiaux du transport maritime.
Trump relance la croisade anti-climat
Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président Donald Trump a renoué avec sa politique climatique de 2017 : soutien massif aux énergies fossiles, démantèlement des régulations environnementales et rejet catégorique de l’Accord de Paris de 2015, qu’il qualifie de « plus grande arnaque de l’Histoire ».
Ce nouvel épisode s’inscrit donc dans la continuité de la ligne trumpiste : priorité à la souveraineté économique et hostilité à toute gouvernance climatique internationale. Alors que le vote de l’OMI est attendu la semaine prochaine à Londres, les tensions s’annoncent vives entre les partisans d’une fiscalité écologique mondiale et ceux qui, à l’instar des États-Unis, y voient une menace directe contre leur compétitivité.