L’Institut Nobel a annoncé samedi 11 octobre l’ouverture d’une enquête interne après une possible fuite d’informations ayant précédé l’annonce du prix Nobel de la paix 2025, attribué à la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado. Selon le directeur de l’Institut, Kristian Berg Harpviken, cette fuite serait « très probablement liée à de l’espionnage ».
Une envolée suspecte sur un site de paris prédictifs
Quelques heures avant l’annonce officielle du lauréat, les chances de victoire de Maria Corina Machado ont brusquement bondi de 3,75 % à près de 73 % sur la plateforme de paris prédictifs Polymarket.
Un mouvement spectaculaire, d’autant plus étonnant qu’aucun média ni expert ne l’avait citée parmi les favorites. Cette hausse soudaine a immédiatement soulevé des soupçons de fuite d’informations confidentielles.
L’Institut Nobel sous surveillance depuis des décennies
Interrogé par la chaîne TV2, Kristian Berg Harpviken a confirmé que l’Institut Nobel est ciblé depuis longtemps par des activités d’espionnage.
« Il s’agit très probablement d’espionnage. Ce n’est un secret pour personne que l’Institut est victime de telles pratiques depuis des décennies », a-t-il déclaré.
Selon lui, plusieurs acteurs États, organisations ou individus cherchent à obtenir des informations confidentielles pour des motifs politiques ou économiques. L’Institut a indiqué qu’une enquête interne était en cours et que les mesures de sécurité pourraient être renforcées.
Un secret jalousement gardé
Le nom du lauréat du prix Nobel de la paix est traditionnellement connu seulement de quelques membres du comité avant son annonce publique à Oslo. Si des rumeurs ou spéculations ont parfois circulé dans les années passées, aucune fuite avérée n’avait été détectée récemment.
Cette situation marque donc un précédent préoccupant pour l’intégrité du processus, considéré comme l’un des plus confidentiels au monde.
Une récompense politique et symbolique
Maria Corina Machado, figure de l’opposition vénézuélienne écartée de la présidentielle de 2024, a été honorée « pour son travail inlassable en faveur des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour sa lutte pour une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie », a précisé le comité Nobel.
Son prix a suscité des réactions contrastées à l’international. À Washington, la Maison Blanche a estimé que le comité Nobel avait « fait passer la politique avant la paix », rappelant que le président américain Donald Trump brigue depuis longtemps cette distinction.
Une enquête aux enjeux internationaux
L’affaire pourrait désormais prendre une dimension diplomatique, l’enquête visant à déterminer qui a eu accès à des données confidentielles et comment elles ont pu influencer les marchés prédictifs.
Si la thèse de l’espionnage est confirmée, elle pourrait remettre en cause la sécurité et la neutralité d’une institution parmi les plus respectées au monde.
« Si nécessaire, nous renforcerons davantage la sécurité », a conclu Kristian Berg Harpviken.