La bataille pour l’Élysée s’amorce déjà chez les écologistes. Mercredi 22 octobre, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle de 2027 dans une interview accordée au Nouvel Observateur. Une annonce qui fait d’elle la première figure majeure de la gauche à entrer officiellement en campagne, mais qui divise déjà son propre camp.
Un « acte d’amour pour la France »
À 39 ans, la patronne des Écologistes affirme vouloir incarner une écologie de gouvernement. « C’est un acte d’amour pour la France », déclare-t-elle, se disant « convaincue que le chemin existe pour une victoire de notre camp ». Élue d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, Marine Tondelier s’est forgée politiquement face au Rassemblement national, dans l’un de ses bastions historiques.
« Je viens d’un territoire où on ne baisse pas la tête. Aujourd’hui, c’est celle de tout un pays que je veux aider à relever », affirme-t-elle, avant d’ajouter : « Je suis une femme, jeune, écologiste, issue du bassin minier, alors je devrai sans doute me battre deux fois plus : j’y suis prête ».
Pour celle qui dirige le parti depuis décembre 2022, une présidente écologiste doit être « un bouclier pour les Français ». Persuadée que « le soutien populaire aux solutions écologistes est massif », elle appelle à « transformer cet élan en soutien politique ».
« Ne pas présenter de candidature à la présidentielle, c’est faire l’impasse sur ce défi. Je ne me défilerai pas », insiste-t-elle.
Un parcours encore semé d’étapes
Avant de pouvoir véritablement s’afficher comme candidate de la gauche écologiste, Marine Tondelier devra d’abord obtenir la désignation officielle de son parti début décembre. Une primaire de la gauche est également en préparation, à laquelle devraient participer les députés François Ruffin et Clémentine Autain.
La cheffe des Écologistes plaide pour une candidature unitaire : « La condition de la victoire, c’est une candidature dans laquelle un maximum d’électeurs de gauche se retrouvent ». Même si Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Raphaël Glucksmann (Place publique) refusent pour l’instant d’y participer, elle leur propose un débat : « Je préfère en discuter maintenant plutôt que de voir les uns et les autres se renvoyer la responsabilité de l’échec plus tard ».
Selon un récent sondage Ifop-Fiducial (Paris Match, Sud Radio, 14 octobre), Marine Tondelier bénéficie d’une popularité en légère hausse, à 31 % (+4 points), derrière le communiste Fabien Roussel (39 %) et le socialiste Olivier Faure (34 %).
Sandrine Rousseau fustige une annonce « à contretemps »
Mais cette entrée en campagne ne fait pas l’unanimité, y compris au sein des Verts. Sandrine Rousseau, députée écologiste et figure influente du parti, a vivement critiqué le calendrier choisi par Marine Tondelier.
« Je trouve que ce calendrier est le pire qui puisse être », a déclaré la députée sur France Info, alors que la cheffe des Écologistes s’apprêtait à défendre sa candidature sur TF1.
Pour Sandrine Rousseau, cette annonce intervient « à contretemps », alors que la situation politique, marquée par des menaces de « censure » et de « dissolution » à l’Assemblée, exigerait plutôt « de sauver le parlementarisme, la démocratie et les municipales ».
« Les sondages ne sont pas excellents pour les écologistes, il faut se concentrer sur des choses concrètes et immédiates pour les Français », ajoute-t-elle, regrettant que la décision ait été prise sans concertation : « Je me suis battue en interne pour que ce ne soit pas ce calendrier, et je n’ai même pas été informée ».
Une gauche en quête d’unité
La députée de Paris, qui avait participé à la primaire écologiste de 2021, ne ferme pas la porte à une future candidature, tout en restant prudente : « Je ne m’interdis rien, mais je ne pose pas non plus ma candidature. S’il y a une montée très importante de l’extrême droite, sans doute que cela changera quelques plans ».
Dans un paysage politique encore fragmenté à gauche, la candidature de Marine Tondelier ouvre une nouvelle phase de recomposition. Reste à savoir si son appel à l’unité parviendra à rassembler un camp divisé entre écologistes, insoumis, socialistes et communistes — ou si cette course précoce vers l’Élysée marquera au contraire le début d’une nouvelle guerre des chefs.