Sahara occidental : Trump s’invite dans la crise Maroc-Algérie

Après avoir tenté de redessiner le paysage diplomatique du Moyen-Orient, Donald Trump, désormais président des États-Unis, entend jouer les médiateurs au Maghreb. Dimanche soir, son envoyé spécial Steve Witkoff, accompagné de Jared Kushner – le gendre du président américain et émissaire officieux de la Maison-Blanche – a annoncé sur CBS que l’équipe Trump travaillait sur « un accord » entre l’Algérie et le Maroc. L’objectif affiché : mettre fin à un demi-siècle de tensions autour du Sahara occidental, ce territoire disputé au nord-ouest de l’Afrique.

Une médiation à haut risque

« Un deal aura lieu d’ici 60 jours », a affirmé Witkoff, sans pour autant en dévoiler les détails. Une ambition audacieuse, alors que les relations diplomatiques entre Alger et Rabat sont rompues depuis 2021. La normalisation des relations entre le Maroc et Israël, dans le cadre des accords d’Abraham, avait alors suscité la colère des autorités algériennes, accusant le royaume de « provocations hostiles ».

Malgré ce climat de méfiance, Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique de Donald Trump, se veut optimiste. Selon lui, « les Algériens sont prêts à reconstruire des ponts de confiance avec le peuple marocain, le roi, le gouvernement et l’État marocains ». Il a ajouté que « les deux pays sont des nations sœurs et voisines, unies par une histoire commune, de nombreuses valeurs et des intérêts partagés ».

Le contexte onusien et le poids du dossier

Cette initiative américaine intervient à un moment clé : le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir fin octobre pour voter le renouvellement du mandat de la Minurso, la mission chargée depuis 1991 d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Ce scrutin, censé permettre au peuple sahraoui de choisir entre l’indépendance et l’intégration au Maroc, n’a jamais pu être organisé en raison de désaccords persistants sur le corps électoral et les modalités du vote.

Le précédent de 2020 et la stratégie de Rabat

En décembre 2020, les États-Unis, alors déjà sous la présidence de Donald Trump, avaient reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – un tournant historique applaudi à Rabat mais vivement dénoncé par Alger et le Front Polisario. Cette décision avait été suivie, plus tard, par des soutiens implicites ou explicites de pays comme l’Espagne, l’Allemagne et Israël.

Selon le magazine Le Point, les médias marocains ont récemment fait circuler un projet de texte attribué à l’administration Trump, réaffirmant le soutien américain au plan d’autonomie marocain, qualifié de « sérieux, crédible et réaliste » par Washington.

Une réaction d’Alger encore attendue

Pour l’heure, les autorités algériennes n’ont pas réagi officiellement à cette initiative. Si le pari de Donald Trump est de se poser en artisan d’une réconciliation entre Rabat et Alger, la complexité du dossier, les rancunes historiques et les intérêts géopolitiques divergents rendent toute percée diplomatique incertaine.

Reste à savoir si cette nouvelle tentative américaine relancera le dialogue, ou si elle ne fera qu’ajouter une dimension supplémentaire à l’un des conflits les plus longs et les plus sensibles du continent africain.

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