Manifestations au Maroc : la diaspora marocaine en France se mobilise aux côtés de la jeunesse

Depuis le 27 septembre, la jeunesse marocaine est dans la rue pour dénoncer la précarité des services publics, la corruption et la répression policière.

Ce mouvement, initié au Maroc par le collectif GenZ 212, trouve désormais un écho chez la diaspora marocaine en France et en Europe. À Paris, Marseille ou Bruxelles, plusieurs centaines de jeunes se mobilisent chaque semaine pour afficher leur soutien, à distance, à leurs compatriotes restés au pays. Une nouvelle manifestation est prévue à Paris ce samedi 25 octobre.

À Paris, environ 400 personnes se sont rassemblées début octobre au Trocadéro, à quelques mètres de l’ambassade du Maroc, brandissant des slogans tels que « Nous voulons des hôpitaux, pas des stades », « Justice sociale » ou « Stop à la corruption ». À Marseille, une centaine de manifestants se sont réunis dans le calme près du consulat, et un premier rassemblement avait eu lieu à Bruxelles le 3 octobre. Bien que peu médiatisées, ces mobilisations montrent une solidarité durable et inédite de la diaspora, coordonnée en grande partie via des plateformes numériques comme Discord.

Pour Suad Frikesh, ancienne présidente de l’Association des Marocains de France, ces mobilisations témoignent d’un engagement réfléchi : « La jeunesse de la diaspora ne veut pas retourner au Maroc mais reste consciente de la situation dans son pays d’origine. L’objectif est d’encourager, d’accompagner et de montrer la solidarité. » Elle a notamment mené des opérations humanitaires sur le terrain, avec des jeunes Français et Marocains, après le séisme survenu dans le nord du Maroc en février 2025, qui avait ravivé les failles des infrastructures publiques.

Pour les jeunes eux-mêmes, l’engagement dépasse la simple solidarité. Myriam, 18 ans, originaire de Nantes, explique : « Même à distance, nous ressentons beaucoup de tristesse et un peu d’impuissance. Il est essentiel que le dialogue reprenne. Je pense particulièrement à ma famille qui vit encore là-bas. » Achraf, 26 ans, ajoute que la répression initiale a été un déclencheur : « Au début, nous ne nous sentions pas concernés, mais les arrestations arbitraires nous ont poussés à manifester devant l’ambassade pour montrer notre soutien. »

Si certains jeunes se sentent éloignés de ces revendications – comme Farouk, qui n’a jamais fréquenté d’écoles ou d’hôpitaux publics au Maroc – la mobilisation reste massive et structurée. Au Maroc, les manifestations ont été parfois réprimées violemment : près d’Agadir, trois personnes ont été tuées par les forces de l’ordre, plus de 400 ont été interpellées et près de 300 blessées dans tout le pays. Plusieurs manifestants ont déjà été condamnés à des peines de prison pour participation à des rassemblements non autorisés et outrage à la police.

Au-delà des rassemblements ponctuels, la diaspora commence à s’organiser sur le long terme. Des think tanks sont en cours de création, répartis par zones géographiques – Europe, Amérique du Nord, Golfe – pour formuler des propositions concrètes sur les réformes sociales, la gouvernance publique ou la représentation politique des Marocains résidant à l’étranger. Amal, doctorante à Bruxelles, résume l’ambition : « Nous voulons canaliser cette énergie collective, contribuer à penser le Maroc de demain. »

Grâce aux réseaux sociaux et aux plateformes numériques comme Discord, TikTok et Telegram, le mouvement GenZ 212 dépasse désormais le cadre local pour devenir un réseau mondial. De Paris à Montréal, de Bruxelles à Berlin, la jeunesse marocaine de la diaspora ne se contente plus d’observer : elle se positionne comme actrice dans le débat sur l’avenir du Maroc, capable d’organiser, réfléchir et proposer.

Laisser un commentaire