Décès d’Armand Bulwa, l’un des derniers survivants du camp nazi de Buchenwald, à 96 ans

Armand Bulwa, l’un des derniers témoins directs de l’horreur concentrationnaire nazie, est décédé samedi 18 octobre à l’âge de 96 ans, a annoncé jeudi le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Né en Pologne, il avait consacré une grande partie de sa vie à transmettre la mémoire de la Shoah aux jeunes générations.

Un rescapé du ghetto et des camps

Né le 27 décembre 1928 dans le quartier juif de Piotrkow, près de Lodz (Pologne), Armand Bulwa n’avait que 10 ans lorsque les troupes nazies envahirent son pays. Comme des milliers d’autres Juifs, il fut enfermé dans un ghetto surpeuplé, où la faim et les maladies, notamment le typhus, emportaient les plus faibles.

Après avoir échappé un temps à la déportation, il perdit sa mère et son petit frère de trois ans, assassinés au camp d’extermination de Treblinka. Lui-même fut déporté à la fin de 1944 dans les camps de Czestochowa, puis à Buchenwald au début de l’année 1945.

À la libération du camp, Armand Bulwa ne pesait plus que 28 kilos. Recueilli par l’Œuvre de secours aux enfants (OSE), il fut transféré en France, où il commença lentement à se reconstruire.

Un infatigable témoin de la Shoah

Dans les années 1990, Armand Bulwa fut parmi les premiers survivants de la Shoah à intervenir dans les écoles françaises. Il racontait, inlassablement, ce qu’il appelait « l’enfer sur terre », convaincu que la mémoire devait rester vivante pour prévenir toute résurgence de la haine et du négationnisme.

Presque toute sa famille — environ 80 personnes — fut exterminée pendant la guerre. Seuls deux cousins survécurent. Ce poids de la perte marquera toute sa vie.

Une vie reconstruite malgré les cicatrices

Marié après la guerre, Armand Bulwa refusa longtemps d’avoir des enfants. « Pendant 14 ans je n’ai pas voulu que nous ayons d’enfants. Je disais à ma femme que c’était criminel de mettre un enfant au monde en sortant d’un enfer pareil », confiait-il. Finalement, il deviendra père d’une fille, devenue gynécologue-obstétricienne. « Elle donne la vie alors qu’on a ôté la vie à tous les miens », disait-il avec émotion.

Armand Bulwa s’éteint comme l’un des tout derniers témoins de Buchenwald, laissant derrière lui un message de courage, de mémoire et d’humanité. Sa voix, celle d’un survivant qui a su transformer la souffrance en témoignage, continuera de résonner à travers les générations.

Laisser un commentaire