Chine : les géants pétroliers suspendent leurs achats de brut russe après les lourdes sanctions de Trump contre Moscou

Les grandes compagnies pétrolières publiques chinoises ont suspendu leurs achats de pétrole russe transporté par voie maritime, à la suite des “énormes sanctions” annoncées par le président américain Donald Trump contre les deux géants énergétiques russes Rosneft et Lukoil. Cette décision marque un nouveau tournant dans la guerre économique déclenchée par Washington à l’encontre de Moscou.

Des sanctions d’une ampleur inédite

Mercredi 22 octobre, Donald Trump a annoncé un gel total des avoirs de Rosneft et Lukoil aux États-Unis, accompagné d’une interdiction pour toute entreprise américaine de commercer avec elles. Le président américain a justifié ces mesures par “l’absence de volonté sérieuse de la Russie de s’engager dans un processus de paix afin de mettre fin à la guerre en Ukraine”.

“Ce sont des sanctions énormes (…) Et nous espérons qu’elles ne dureront pas trop longtemps. Nous espérons qu’un terme sera mis à la guerre”, a déclaré Donald Trump en recevant le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, dans le Bureau ovale.

Pékin suspend ses achats par précaution

Selon plusieurs sources commerciales citées par Reuters, les quatre principales compagnies pétrolières d’État chinoises — PetroChina, Sinopec, Cnooc et Zhenhua Oil — ont décidé de s’abstenir d’acheter du pétrole russe transporté par mer, du moins temporairement.
Ces groupes redoutent que leurs transactions n’exposent leurs activités internationales à des sanctions secondaires américaines. Aucune de ces sociétés n’a pour l’heure répondu aux demandes de commentaires.

La Chine importe environ 1,4 million de barils de brut russe par jour par voie maritime, dont une large part est achetée par de petits raffineurs indépendants, appelés “théières”. Ces derniers devraient eux aussi réduire ou suspendre leurs importations, le temps d’évaluer les conséquences du nouveau dispositif américain.

L’Inde également contrainte de réduire ses importations

Les raffineurs indiens, premiers acheteurs mondiaux de pétrole russe transporté par mer, se préparent également à réduire drastiquement leurs importations afin d’éviter d’être touchés par les sanctions américaines. Ce repli simultané de la Chine et de l’Inde, les deux plus gros clients de Moscou, risque d’asphyxier une part importante des revenus pétroliers russes, déjà fragilisés par la guerre en Ukraine et les restrictions européennes.

Une flambée immédiate des prix du pétrole

L’annonce des sanctions a provoqué une hausse spectaculaire des cours mondiaux. À 12h30, le baril de Brent de la mer du Nord grimpait de 5,16 % à 65,82 dollars, tandis que le WTI américain gagnait 5,62 % à 61,79 dollars.

“Les prix du pétrole ont fortement grimpé après que les États-Unis ont imposé des sanctions contre les deux géants russes Rosneft et Lukoil, marquant un tournant stratégique qui souligne la frustration croissante de Washington vis-à-vis de Moscou”, analyse Neil Wilson, expert chez Saxo Markets.

Vers une recomposition du marché mondial de l’énergie

En coupant l’accès de Rosneft et Lukoil à une grande partie du marché international, les États-Unis forcent les grands importateurs asiatiques à rechercher de nouvelles sources d’approvisionnement — au Moyen-Orient, en Afrique ou en Amérique latine.
Mais cette réorientation prendra du temps et devrait entretenir la volatilité des prix mondiaux, accentuant la pression sur les économies importatrices d’énergie.

Ce nouvel épisode illustre la montée des tensions énergétiques et géopolitiques autour de la guerre en Ukraine, où les sanctions économiques deviennent un instrument central de la confrontation entre Washington, Moscou et leurs alliés respectifs.

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