Quatre ans après la prise de Kaboul par les talibans, les footballeuses de l’ancienne équipe nationale d’Afghanistan ont retrouvé les terrains. Dimanche 26 octobre, elles ont disputé au Maroc leur premier match dans le cadre du tournoi amical “FIFA Unites Women’s Series”, une initiative de la Fédération internationale visant à promouvoir l’inclusion et la résilience par le sport.
Sous la bannière “Afghan Women United”, ces joueuses réfugiées ont affronté le Tchad pour leur entrée en lice, s’inclinant 6-1. Si elles ne représentent plus officiellement leur pays leur sélection ayant été dissoute par le régime taliban ,elles portent toujours haut les couleurs et l’espoir d’un peuple privé de liberté.
Le tournoi réunit également la Tunisie et la Libye, offrant à ces athlètes exilées un espace pour exister à nouveau sur la scène internationale.
Une équipe survivante face à l’oppression
La vie de ces joueuses a basculé le 15 août 2021, lorsque les talibans ont repris le pouvoir à Kaboul après le retrait des forces américaines et britanniques. Dès leur retour, le nouveau régime a imposé une série de décrets restreignant sévèrement les droits des femmes :
• interdiction de l’école au-delà de 12 ans,
• exclusion du monde du travail,
• interdiction de la pratique sportive,
• effacement quasi total des femmes de la sphère publique.
Cette politique systématique de répression a été qualifiée par plusieurs ONG de “véritable apartheid de genre”. En juillet dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a d’ailleurs émis pour la première fois des mandats d’arrêt pour “crime contre l’humanité de persécution pour des motifs liés au genre” contre deux dirigeants talibans.
Le sport comme acte de résistance
Pour ces joueuses, participer à ce tournoi ne relève pas seulement du football : c’est un geste de résistance et de survie. En exil, elles continuent d’incarner l’espoir d’une génération de jeunes Afghanes privées de leurs droits fondamentaux.
« Nous ne jouons pas seulement pour nous, mais pour toutes celles qui ne peuvent plus courir, plus parler, plus rêver », a confié l’une des joueuses à la presse locale.
Malgré l’éloignement, les Afghan Women United rappellent au monde que le football reste un espace de liberté un terrain où l’esprit et le courage ne peuvent être réduits au silence.