Élections législatives en Argentine : Javier Milei consolide son pouvoir grâce aux milliards promis par Trump

Les scandales de corruption, l’affaire du « crypto-gate » ou encore les soupçons de liens avec le narcotrafic visant certains de ses proches semblent avoir été relégués au second plan. Malgré cette succession de polémiques et une crise économique profonde, le président argentin Javier Milei a triomphé lors des élections législatives de mi-mandat ce dimanche, déjouant toutes les prévisions.

Sa coalition « La Liberté avance » (LLA), soutenue par la droite traditionnelle, s’est imposée face à l’alliance progressiste Force patrie, avec 40,7 % des voix contre 34,9 %. Un résultat qui lui permet de tripler sa base parlementaire, renforçant considérablement son pouvoir au Congrès.

Une percée historique de la droite libertarienne

Le péronisme, mouvement historique dominant la scène politique argentine depuis des décennies, a perdu dans 18 des 24 provinces, un recul inédit. À partir du 10 décembre, Milei pourra compter sur 101 députés sur 257 (contre 37 actuellement) et 20 sénateurs sur 72 (contre 6).
S’il ne dispose pas encore d’une majorité absolue, sa coalition bénéficie désormais d’une marge de manœuvre suffisante pour négocier les alliances nécessaires à l’adoption de ses grandes réformes : travail, fiscalité, retraites et éducation.

Cette victoire lui offre donc les moyens politiques de poursuivre son programme de réduction drastique du rôle de l’État, dans la droite ligne de sa politique « à la tronçonneuse ».

Une victoire éclatante, mais pas unanime

Derrière le triomphe, les analystes soulignent que le soutien populaire reste fragile. Avec 68 % de participation, le scrutin affiche l’un des taux les plus bas depuis le retour de la démocratie en 1983. Beaucoup d’Argentins, épuisés par l’inflation et la crise sociale, auraient choisi l’abstention plutôt que de voter pour une alternative qu’ils jugent inexistante.

De plus, la coalition présidentielle a obtenu 15 % de voix de moins que lors de la présidentielle remportée par Milei il y a deux ans : un signe que, si le président sort renforcé, l’enthousiasme populaire s’est érodé.

L’ombre de Washington et des milliards de Trump

Un autre facteur aurait pesé lourd dans la balance : le soutien financier promis par les États-Unis. Selon plusieurs sources diplomatiques, l’administration Trump – revenue au pouvoir à Washington aurait conditionné une aide économique de 40 milliards de dollars à la victoire du gouvernement Milei.

Dans un contexte de crise monétaire aiguë, ce signal aurait convaincu une partie de l’électorat inquiet des conséquences d’un changement de cap politique. Pour la gauche argentine, cette élection s’apparente donc à une “victoire de Trump”.

Le président américain a d’ailleurs félicité chaleureusement Milei, saluant « une victoire écrasante » et affirmant que « le peuple argentin a justifié notre confiance en lui ».

Vers un démantèlement accéléré de l’État argentin

Fort de cette victoire, Javier Milei aborde la seconde moitié de son mandat avec les mains libres pour accélérer ses réformes ultralibérales : privatisations, coupes dans les dépenses publiques, dérégulation du marché du travail.

Mais pour de nombreux observateurs, cette concentration de pouvoir risque de se traduire par une nouvelle vague de souffrances sociales, avec des services publics exsangues et une pauvreté en hausse.

Car derrière les félicitations de Washington et les promesses d’investissement, plane une crainte : celle de voir l’Argentine vendue “à la découpe” à des intérêts étrangers. Une perspective qui, pour les opposants, sonne comme un avertissement : les Argentins risquent bientôt de découvrir le véritable prix de la « liberté » selon Javier Milei.

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