Sibérie : des céramiques inédites révèlent une culture inconnue de l’Âge du bronze

Dans la vaste étendue de la steppe de Baraba, à l’ouest de la Sibérie, le site de Tartas‑1 continue de livrer ses secrets, plus de vingt ans après sa découverte initiale. Une équipe de l’Académie des sciences de Russie, dirigée par Vyacheslav Molodin, y a récemment mis au jour des fragments de céramique vieilles de quelque 6 000 ans, dont les formes et motifs défient toutes les classifications connues pour la région.

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Les bols découverts se distinguent par leur fond plat et des décorations complexes, évoquant une texture tissée directement dans la glaise. « Ce sont des poteries totalement atypiques, qui ne ressemblent à rien de ce qu’on connaît en Sibérie », affirme Vyacheslav Molodin. Ces objets ne correspondent ni aux productions de la culture locale d’Ust‑Tartas (5000‑3000 avant J.-C.), ni à aucune autre tradition identifiée dans l’Âge du bronze eurasiatique.

La découverte soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. S’agit-il d’une évolution stylistique des Ust‑Tartas, ou de la manifestation d’un groupe humain jusque-là inconnu ? Les motifs géométriques et texturés pourraient indiquer un savoir-faire artisanal sophistiqué et suggérer l’existence d’échanges culturels inédits dans cette région. Le site, encore largement inexploré, pourrait receler d’autres vestiges éclairant l’organisation sociale et économique de ces populations oubliées.

Pour les chercheurs, cette trouvaille offre une opportunité rare de mieux comprendre l’histoire eurasiatique. Les analyses ADN et les datations au carbone 14 prévues permettront peut-être de relier ces céramiques à un groupe humain spécifique et de préciser leur place dans la chronologie locale. Elles contribueront également à reconstituer les réseaux d’influence et les savoir-faire techniques de l’époque, souvent méconnus dans la préhistoire sibérienne.

Au-delà de l’intérêt scientifique, cette découverte illustre l’importance de la steppe de Baraba comme un carrefour d’innovation et de contacts culturels à l’âge du bronze. Elle rappelle que l’histoire humaine est encore largement à redécouvrir, et que des cultures entières peuvent demeurer invisibles jusqu’à ce que de nouvelles fouilles ou technologies permettent de les révéler.

Celine Dou

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