La Jamaïque a été frappée de plein fouet mardi par l’ouragan Melissa, l’un des plus puissants jamais enregistrés dans la région. Avec des vents atteignant 300 km/h, le phénomène a semé la désolation sur son passage, laissant derrière lui une véritable zone sinistrée. Toits arrachés, arbres déracinés, inondations massives et coupures d’électricité généralisées : le bilan humain et matériel est déjà dramatique, avec au moins trois morts confirmés et plus de 530 000 habitants privés d’électricité.
Une puissance sans précédent
Selon les autorités jamaïcaines, Melissa est le pire ouragan de l’histoire de l’île depuis le début des relevés météorologiques. En à peine quatre heures, il a traversé la Jamaïque d’ouest en est, laissant des villes entières dévastées. À Saint-Elizabeth, dans le sud-ouest, les dégâts sont considérables : rues submergées, habitations éventrées, poteaux électriques et arbres effondrés.
“Des fenêtres sont cassées, beaucoup d’eau s’est infiltrée. On a calfeutré les portes avec des serviettes. Les arbres se sont pliés et une partie du toit s’est envolée”, témoigne une habitante réfugiée chez elle à Black River.
À Saint-Catherine, la rivière Rio Cobre est sortie de son lit, inondant des zones entières. Dans la capitale, Kingston, les habitants restent sur le qui-vive malgré des dégâts moindres. Le Premier ministre Andrew Holness a averti d’un risque inattendu : des crocodiles déplacés par les inondations pourraient menacer la population.
Des infrastructures paralysées
Le ministre chargé des collectivités locales a dressé un premier bilan accablant : plus d’un demi-million de foyers privés d’électricité, des routes coupées et plusieurs hôpitaux gravement endommagés.
“Des équipes d’urgence travaillent à rétablir le courant, en donnant la priorité aux hôpitaux, stations de pompage et installations de traitement des eaux”, a-t-il déclaré.
Les ports et l’aéroport international ont été fermés, tandis que 25 000 touristes ont dû être confinés dans leurs hôtels ou des abris d’urgence. L’économie jamaïcaine, déjà fragilisée par la dépendance au tourisme, risque de subir un choc durable.
Une aide internationale en route
Face à l’ampleur du désastre, la communauté internationale a réagi rapidement. L’ONU a annoncé l’envoi de 2 000 kits d’urgence depuis la Barbade, et la Croix-Rouge estime que plus de 1,5 million de personnes pourraient être affectées par les conséquences de la tempête. Malgré les appels à évacuer, de nombreux habitants ont refusé de quitter leurs maisons, redoutant les pillages.
Un phénomène amplifié par le réchauffement climatique
Selon le météorologue Kerry Emanuel, l’ouragan Melissa illustre la montée en puissance de ces « bombes météorologiques » liées au réchauffement des océans.
“L’eau tue beaucoup plus que le vent”, souligne-t-il, mettant en garde contre les risques accrus de glissements de terrain et de coulées de boue dans les jours à venir.
Cuba et les Bahamas désormais menacés
Après avoir temporairement perdu en intensité au-dessus de la mer des Caraïbes, Melissa s’est renforcé pour atteindre la catégorie 4. Il se dirige désormais vers Cuba, puis les Bahamas, où les autorités se préparent à son arrivée.
En Jamaïque, la reconstruction s’annonce longue et coûteuse. L’île tente désormais de panser ses plaies, tandis que la saison cyclonique ne fait que commencer.