L’acteur franco-turc Tchéky Karyo, figure marquante du cinéma français et international, est décédé le 31 octobre 2025 des suites d’un cancer, à l’âge de 72 ans. Connu pour ses rôles intenses et souvent sombres, il laisse derrière lui une filmographie riche de près de 80 films, allant du cinéma d’auteur aux grandes productions hollywoodiennes.
Une disparition annoncée par sa famille
« Valérie Keruzoré, son épouse, et leurs enfants ont la douleur de faire part de la disparition de Tchéky Karyo, emporté par un cancer ce vendredi 31 octobre », a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse.
Son agente a confirmé la nouvelle, provoquant une vive émotion dans le monde du cinéma français.
Un acteur révélé par “L’Ours” et “Nikita”
Né à Istanbul en 1953, Tchéky Karyo s’était imposé à la fin des années 1980 avec deux rôles majeurs.
Dans L’Ours de Jean-Jacques Annaud, grand succès populaire avec près de 9 millions d’entrées, il incarnait un chasseur pris de remords face à sa proie.
Trois ans plus tard, en 1990, il marquait les esprits dans Nikita de Luc Besson, en interprétant l’agent recruteur de la tueuse à gages jouée par Anne Parillaud.
Ce rôle ambigu, à la fois glaçant et charismatique, restera l’un des plus emblématiques de sa carrière.
Besson le retrouvera plus tard pour Jeanne d’Arc (1999) et Le Baiser mortel du dragon (2001), où Karyo campe un policier corrompu face à Jet Li.
Un visage familier des rôles sombres et violents
Acteur au regard perçant et au charisme brut, Karyo excellait dans les rôles d’hommes tourmentés, durs ou ambigus.
Dans Dobermann (1997) de Jan Kounen, il incarnait un policier violent et sadique, figure marquante du cinéma français des années 1990.
Cette spécialisation dans les rôles sombres lui a ouvert les portes d’Hollywood, où il a joué dans Bad Boys (1995) avec Will Smith et dans le James Bond “GoldenEye” la même année, dans le rôle d’un ministre russe.
Une carrière éclectique et internationale
Polyglotte maîtrisant le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe, Tchéky Karyo a mené une carrière éclectique, passant du cinéma d’auteur aux blockbusters.
Il débute dans les années 1980 avec Chantal Akerman (Toute une nuit) et Éric Rohmer (Les Nuits de la pleine lune), puis se fait remarquer dans La Balance (1983), qui lui vaut une nomination au César du meilleur espoir masculin.
Il collaborera ensuite avec des cinéastes de renom : Jean-Pierre Jeunet (Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain), Ridley Scott (1492 : Christophe Colomb), ou encore le Brésilien Walter Salles (Terra lointaine).
« Tchéky Karyo laisse le souvenir d’un comédien sur qui on peut compter, derrière un sourire d’homme tranquille », a salué Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, évoquant « sa douceur dans la voix sous un physique de costaud mal rasé ».
Une reconnaissance tardive à la télévision
Au-delà du grand écran, Tchéky Karyo s’était aussi imposé sur le petit écran international, notamment dans les séries britanniques de la BBC.
Il y interprétait un inspecteur au tempérament mélancolique dans The Missing (2014), puis dans son spin-off Baptiste (2019), et plus récemment Boat Story.
« C’était un acteur vraiment brillant et très apprécié. Les téléspectateurs de la BBC se souviendront avec émotion de ses rôles marquants », a réagi Lindsay Salt, directrice de BBC Drama.
En France, il était également apparu dans plusieurs épisodes de Kaamelott d’Alexandre Astier, où il incarnait un chef de guerre au ton grave et ironique.
Un homme de théâtre et de convictions
Avant le cinéma, Tchéky Karyo avait connu une solide carrière sur les planches.
Formé au théâtre national, il s’était produit au Festival d’Avignon au début des années 1980.
Il voyait dans le métier d’acteur un moyen d’exploration personnelle et spirituelle.
« Ce métier m’a aidé à devenir un homme meilleur. L’art dramatique est un espace magique où l’on apprend à se connaître et à comprendre les autres », confiait-il en 2017 dans Midi libre.
Un héritage durable
Avec près de quatre décennies de carrière, Tchéky Karyo laisse une empreinte durable dans le cinéma français et international.
Tour à tour héros, mentor, flic ou criminel, il incarnait une intensité rare, une humanité brute et une sincérité de jeu qui marqueront durablement ses pairs et ses spectateurs.
Son nom restera associé à une génération d’acteurs capables de passer de la scène au grand écran, du drame intimiste à l’action hollywoodienne, sans jamais perdre leur vérité.