Dans sa course à la modernisation militaire, la Chine mise sur DeepSeek, son intelligence artificielle phare, pour propulser son armée dans une nouvelle ère : celle de la guerre algorithmique. Pékin veut repenser en profondeur la manière de préparer, planifier et mener les conflits du futur, où les algorithmes joueront un rôle aussi stratégique que les missiles ou les chars.
DeepSeek, le cerveau d’une armée du futur
En février, le géant chinois de l’armement Norinco a dévoilé le P60, un véhicule militaire autonome capable de mener des opérations à 50 km/h sans pilote humain. Son moteur décisionnel ? DeepSeek, une IA développée en Chine et déjà intégrée à plusieurs projets militaires de l’Armée populaire de libération (APL).
Ce véhicule symbolise une révolution : l’intégration directe de l’intelligence artificielle sur le champ de bataille. Pékin ne veut plus se contenter d’observer les avancées américaines il veut rattraper et dépasser Washington dans la maîtrise de l’IA militaire.
Une stratégie systématique de militarisation de l’IA
D’après une analyse de Reuters, la Chine mène un effort méthodique pour militariser l’intelligence artificielle. Brevets, publications scientifiques et registres d’achat montrent une explosion des projets liés à la reconnaissance autonome des cibles, à l’aide à la décision en temps réel, et à la planification algorithmique du combat.
L’objectif est clair : faire de DeepSeek le moteur central des armes intelligentes de nouvelle génération. Présente dans les appels d’offres militaires, l’IA chinoise incarne la volonté du pays d’atteindre une souveraineté algorithmique, en réduisant sa dépendance aux technologies occidentales.
Ses applications vont bien au-delà des véhicules : DeepSeek est déjà utilisée dans les essaims de drones, les chiens robots, et les centres de commandement immersifs. Ces systèmes peuvent analyser des milliers de scénarios tactiques en quelques secondes, transformant la vitesse de réaction militaire en véritable atout stratégique.
Des armes chinoises… alimentées par des puces américaines
Si DeepSeek repose en partie sur les processeurs Huawei Ascend, les ingénieurs chinois continuent malgré tout d’utiliser des puces Nvidia américaines, essentielles pour l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle. Cette dépendance technologique illustre un paradoxe : la Chine veut s’émanciper de l’Occident tout en s’appuyant encore sur ses composants les plus avancés.
En 2024, Pékin a importé 413 milliards de dollars de semi-conducteurs, un montant supérieur à ses achats de pétrole. Malgré le plan “Made in China 2025”, l’industrie locale ne couvre qu’environ 30 % des besoins nationaux. La course à la souveraineté numérique reste donc un défi colossal.
L’intelligence artificielle déjà sur la ligne de front
L’IA ne se limite plus à la recherche ou à la simulation : elle entre sur le champ de bataille. À l’Université Beihang, DeepSeek est utilisée pour améliorer la coordination d’essaims de drones contre des menaces « basses, lentes et petites ». Pékin affirme maintenir un contrôle humain sur ces systèmes, mais la frontière entre supervision et autonomie devient de plus en plus floue.
Un constat partagé bien au-delà de la Chine. En mars dernier, le Premier ministre français Sébastien Lecornu déclarait :
“Le saut que représente l’intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre, ou même plus encore, de l’éviter — comme l’atome en son temps.”
De la guerre armée à la guerre de l’information
Cette mutation dépasse le cadre militaire. L’IA s’impose aussi dans la guerre de l’influence. Les tensions entre le Venezuela et les États-Unis ont récemment illustré cette nouvelle bataille numérique : images truquées, vidéos générées par IA et campagnes de désinformation prolifèrent sur TikTok, X ou Telegram, brouillant la frontière entre vérité et manipulation.
Vers une ère de la guerre algorithmique
Avec DeepSeek, la Chine entend transformer son armée en force cognitive, capable de réagir et d’anticiper plus vite que l’adversaire. Une ambition qui soulève autant d’admiration que d’inquiétude : dans un monde où les machines pensent, décident et attaquent, la guerre du futur pourrait bien ne plus avoir besoin d’humains.
Et face à cette nouvelle génération d’armes intelligentes, “Terminator” n’a qu’à bien se tenir.