Israël : nouveau report du projet de loi sur les exemptions militaires pour les Haredim à la Knesset

Les débats autour du projet de loi controversé sur les exemptions au service militaire pour la communauté ultra-orthodoxe ont une nouvelle fois été repoussés. Prévu ce lundi devant la Commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le texte du député du Likud Boaz Bismuth a été retiré de l’ordre du jour, conformément aux règles de procédure parlementaire.

Un texte suspendu à la demande de Netanyahu

Ce report survient après des révélations dans les médias israéliens indiquant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait demandé à Boaz Bismuth de suspendre temporairement la présentation du projet de loi, le temps d’en réexaminer le contenu.

Selon le règlement de la commission, tout projet de loi doit être présenté au moins 48 heures avant sa discussion une condition qui n’a pas été respectée cette fois-ci. Aucune nouvelle date n’a encore été annoncée pour la reprise des débats.

Un enjeu explosif pour la coalition

Le projet de loi vise à encadrer la conscription des Haredim, les membres de la communauté juive ultra-orthodoxe, dont la majorité est actuellement exemptée du service militaire obligatoire en Israël. Depuis plus d’un an, les dirigeants haredim exercent une forte pression pour légaliser de façon permanente ces exemptions, après que la Haute Cour de justice a déclaré illégales les dispenses générales accordées depuis plusieurs décennies aux étudiants des yeshivot (écoles religieuses).

Boaz Bismuth a été nommé à la tête de la rédaction du texte après avoir remplacé Yuli Edelstein (Likud) au sein de la commission. Son objectif : proposer une version plus acceptable pour les partis ultra-orthodoxes du Shas et de Yahadout HaTorah, deux formations qui ont quitté la coalition gouvernementale en désaccord avec la précédente mouture. Celle-ci, défendue par Edelstein, prévoyait des sanctions sévères contre les réfractaires au service.

Des manifestations massives à Jérusalem

Le sujet continue d’alimenter de fortes tensions dans la société israélienne. La semaine dernière, près de 200 000 hommes ultra-orthodoxes ont manifesté à Jérusalem pour dénoncer le projet de loi et défendre leur droit à l’étude religieuse sans obligation militaire.
Pour les partis haredim, cette réforme remet en cause un pilier essentiel de leur mode de vie, tandis que ses détracteurs y voient une inégalité croissante entre les citoyens israéliens, les uns contraints au service militaire, les autres durablement exemptés.

Une question politique et sociétale majeure

Ce nouveau report illustre les divisions profondes qui traversent la coalition de Benjamin Netanyahu, prise entre le respect de la décision de la Haute Cour et la nécessité de ménager ses alliés religieux.

La question de la conscription des Haredim, récurrente depuis des décennies, reste l’un des dossiers les plus sensibles du paysage politique israélien. Son issue pourrait déterminer non seulement la stabilité de la coalition, mais aussi l’équilibre entre la religion et l’État dans la société israélienne contemporaine.

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