Deux ans après la victoire historique de Donald Tusk et de sa coalition démocrate, l’euphorie des débuts a laissé place à un profond désenchantement en Pologne. Ce qui devait être une renaissance libérale et européenne tourne aujourd’hui à la désillusion politique. Le pays, à mi-mandat, se retrouve à nouveau fracturé, et le spectre d’un retour du parti nationaliste Droit et justice (PiS) se fait de plus en plus menaçant.
Une coalition en perte de souffle
Lors des élections législatives du 15 octobre 2023, la coalition menée par la Plateforme civique (PO) de Donald Tusk, composée de partis allant de la gauche progressiste aux conservateurs modérés, avait mis fin à huit années de domination du PiS.
Cette victoire avait été saluée comme une « contre-révolution libérale », un retour à la normalité démocratique après les années de tension institutionnelle et de dérives populistes du gouvernement de Jaroslaw Kaczynski. L’Europe entière y avait vu un symbole d’espoir face à la montée des extrêmes.
Mais deux ans plus tard, le bilan politique de Tusk s’avère bien moins glorieux. Les divisions internes, la lenteur des réformes et l’absence de cohésion au sein de la coalition ont progressivement sapé la confiance de l’opinion publique. Les querelles électoralistes ont pris le pas sur les ambitions réformatrices.
Un coup de massue présidentiel
Le coup le plus dur est venu le 1er juin 2025, lors de l’élection présidentielle. La victoire du candidat du PiS, Karol Nawrocki, a sonné comme une douche froide pour le camp démocrate.
L’exécutif espérait voir triompher Rafal Trzaskowski, le maire libéral de Varsovie, pour mettre fin à la cohabitation avec le président sortant Andrzej Duda et consolider la « contre-révolution » libérale.
Au lieu de cela, les Polonais ont élu un président encore plus radical et conservateur, qui n’hésite pas à bloquer les réformes gouvernementales à coups de veto présidentiels.
Depuis, la paralysie politique est totale. Les tensions entre le gouvernement de Tusk et la présidence se sont accentuées, tandis que la coalition démocrate peine à définir une stratégie commune pour sortir de l’impasse.
Le retour possible des nationalistes
Dans les sondages, le PiS reste stable autour de 30 % des intentions de vote, un socle solide qui pourrait lui permettre de reprendre le pouvoir lors des législatives prévues en 2027.
À cela s’ajoute la montée d’une droite encore plus extrême, prête à s’allier au PiS pour revenir au gouvernement.
Face à cette menace, la coalition de Tusk apparaît désorientée, sans projet mobilisateur ni figure capable de relancer la dynamique démocratique qui avait porté son triomphe en 2023.
Un espoir terni
Ce qui devait être un renouveau démocratique s’est transformé en crise de confiance politique.
La « révolution anti-populiste » promise par Donald Tusk semble avoir échoué à consolider durablement les institutions et à réconcilier une société polonaise profondément divisée.
À Varsovie, certains observateurs parlent d’un « retour de flamme du populisme », nourri par la frustration, la désillusion et la stagnation politique.
À deux ans de la prochaine échéance électorale, le pays semble à la recherche d’un nouveau miracle démocratique — celui que Donald Tusk, deux ans plus tôt, incarnait encore.