Le trafic aérien a été suspendu à plusieurs reprises mardi soir au-dessus de Bruxelles-Zaventem, principal aéroport du pays, après la détection de drones non identifiés. L’incident intervient alors que des engins similaires avaient déjà été observés, vendredi et samedi, à proximité de la base militaire de Kleine-Brogel, dans le nord-est de la Belgique. Face à la répétition de ces incursions, le gouvernement a convoqué un Conseil national de sécurité d’urgence pour tenter de comprendre l’origine de ces survols jugés « inquiétants » et « coordonnés ».
Le ciel belge perturbé par des drones non autorisés
Mardi soir, le contrôle aérien Skeyes a ordonné l’interruption du trafic à deux reprises, vers 20 h et 22 h, après plusieurs signalements de drones au-dessus des aéroports de Bruxelles-Zaventem et Liège.
La procédure impose l’arrêt immédiat des vols pendant au moins 30 minutes, le temps de vérifier qu’aucune menace n’est en cours.
Dans la foulée, l’aéroport de Liège — vers lequel plusieurs avions avaient été déroutés — a lui aussi détecté la présence d’appareils volants non identifiés.
Des points lumineux accompagnés d’un bourdonnement ont été observés près de la base militaire de Kleine-Brogel, ainsi qu’au-dessus de la commune de Florennes.
« Il s’agit de points lumineux dans le ciel qui s’apparentent à des drones. Un travail d’enquête est en cours », a précisé Antonin Collinet, bourgmestre de Florennes, à l’agence Belga.
Des dizaines de vols annulés ou déroutés
Au total, 41 vols ont été annulés mardi soir : 22 départs et 19 arrivées.
Environ 400 à 500 passagers ont passé la nuit à l’aéroport de Bruxelles, où des lits de camp, de la nourriture et de l’eau ont été mis à leur disposition.
Les avions ont été redirigés vers les aéroports néerlandais de Schiphol et Maastricht, ainsi que vers Charleroi, où la perturbation a été plus limitée (15 à 20 minutes de fermeture préventive).
Mercredi matin, 10 vols sur 25 ont encore été annulés, et 5 retardés.
« La situation reviendra à la normale dans la journée », a assuré Ariane Goossen, porte-parole de Brussels Airport, appelant les voyageurs à vérifier leur vol avant de se déplacer.
Une possible opération coordonnée ?
Ces incidents s’ajoutent aux survols déjà signalés vendredi et samedi au-dessus de la base militaire de Kleine-Brogel, site hautement sensible où seraient stockées plusieurs armes nucléaires américaines.
Le ministre de la Défense, Théo Francken, a affirmé que les signaux recueillis laissaient penser à « une opération coordonnée menée par des professionnels ».
« Ils essaient de semer la panique en Belgique, c’est de la déstabilisation », a-t-il déclaré, sans pour autant désigner de responsable.
Réunion de crise au sommet de l’État
Face à la multiplication de ces incursions, le Premier ministre Bart De Wever a convoqué un Conseil national de sécurité pour jeudi matin.
La réunion, d’une durée de deux heures, doit rassembler les ministres de la Défense, de l’Intérieur, des Transports et les responsables militaires et du renseignement.
« Nous ne pouvons pas accepter que nos aéroports soient perturbés par des vols de drones non autorisés. Cela nécessite une réponse coordonnée et nationale », a déclaré Bernard Quintin, ministre de la Sécurité et de l’Intérieur.
Les services de renseignement belges et européens cherchent désormais à déterminer l’origine des signaux et le type de drones utilisés.
Plusieurs pistes sont envisagées, allant du sabotage technologique à une opération d’espionnage ou de provocation étrangère. Aucune revendication n’a été formulée pour l’instant.
Un climat de tension et de prudence accrue
Ces événements surviennent dans un contexte européen tendu, marqué par la crainte d’ingérences étrangères et d’attaques hybrides utilisant des technologies civiles comme les drones.
En Belgique, où se trouvent les institutions européennes et de l’OTAN, toute intrusion aérienne non identifiée est considérée comme une menace potentielle à la sécurité nationale.
Les enquêtes techniques et sécuritaires se poursuivent, tandis que les autorités appellent à éviter toute spéculation prématurée.
Mais pour les voyageurs de Bruxelles et de Liège, la soirée du mardi restera celle où, pour quelques heures, le ciel belge a été paralysé par des drones fantômes.