France : « alors que le Parti socialiste obtient une victoire sur la CSG sur le capital, à l’assemblée nationale, les sénateurs promettent de réécrire le texte du budget 2026 en baissant drastiquement les dépenses »

Alors que les débats sur le budget 2026 s’enlisent à l’Assemblée nationale, un duel politique s’annonce déjà avec le Sénat. Tandis que les députés socialistes ont arraché une victoire symbolique avec l’adoption d’une hausse de la CSG sur les revenus du capital, la droite sénatoriale promet de réécrire le texte en profondeur, avec un mot d’ordre : baisser drastiquement la dépense publique.

À l’Assemblée, les socialistes remportent une bataille fiscale

Mercredi soir, les députés socialistes ont obtenu l’adoption d’un amendement emblématique : une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital, portée de 9,2 % à 10,6 %. La mesure, défendue par Jérôme Guedj (PS), vise à dégager 2,8 milliards d’euros supplémentaires en 2026 pour financer la suspension de la réforme des retraites.

Cette victoire est d’autant plus notable qu’elle a été acquise avec le soutien partiel du camp présidentiel notamment de députés Renaissance et MoDem contre l’avis de la droite et du Rassemblement national. L’amendement a été adopté par 168 voix contre 140.

Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a toutefois tempéré l’enthousiasme :

« Ce qui a été voté, ce n’est pas une hausse de la fiscalité, mais la possibilité d’en débattre jusqu’à la fin du processus budgétaire », a-t-elle souligné.

La droite, elle, dénonce une atteinte à l’épargne des Français.

« Vous avez taxé l’assurance-vie et les PEL, pas les riches », a lancé Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR.
Même son de cloche du côté du RN : Jean-Philippe Tanguy a fustigé « le financement des magouilles entre le Parti socialiste et le gouvernement ».

Les socialistes rejettent ces accusations, affirmant que la mesure vise principalement les dividendes des actionnaires et qu’elle n’aurait qu’un impact marginal sur l’épargne populaire.

À gauche, des divisions persistantes

La victoire socialiste a toutefois été précédée d’un revers : un amendement similaire avait été rejeté plus tôt dans la soirée, révélant les fractures entre le PS, LFI et les écologistes.
Mathilde Panot (LFI) a dénoncé une « magouille de non-censure » entre le PS et le gouvernement, tandis qu’Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a accusé les Insoumis de pratiquer le « tout ou rien, et surtout rien ».

Le Sénat prépare la riposte : “tout est prêt”

Pendant que l’Assemblée s’écharpe sur les recettes, le Sénat, dominé par la droite, prépare déjà une réécriture complète du texte.

« Tout est prêt », confie un conseiller.
Le rapporteur général du budget, Jean-François Husson (LR), promet de supprimer la plupart des taxes votées à l’Assemblée, qualifiées de « monstruosités ».

Pour la majorité sénatoriale, la priorité est claire :

« Baisser drastiquement la dépense publique », affirme Marc-Philippe Daubresse (LR, Nord).
« On ne la baisse pas en supprimant les services publics, mais en réduisant le train de vie de l’État. »

Plusieurs pistes d’économies sont déjà ciblées :
• Le programme France 2030 d’investissements industriels ;
• Les créations de postes dans l’Éducation nationale, malgré la baisse du nombre d’élèves ;
• L’Aide médicale d’État (AME) ;
• L’Aide publique au développement (APD).

Une adoption incertaine et le spectre d’un passage en force

Ces divergences laissent peu d’espoir d’un accord final entre les deux chambres. Le risque est désormais réel de voir le gouvernement recourir à un budget adopté par ordonnance ou par une loi spéciale, faute de compromis.

Dans un contexte de déficit public supérieur à 5 % du PIB, l’exécutif tente de ménager une ligne de crête entre la gauche, qui réclame plus de recettes, et la droite, qui exige des coupes massives dans les dépenses.

L’examen du budget 2026 s’annonce donc comme l’un des bras de fer les plus tendus de la législature, symbole d’une France politiquement fragmentée entre rigueur budgétaire et justice fiscale.

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