L’Union européenne a adopté en 2024 une gigantesque réforme de sa politique migratoire, qui entrera bientôt en application.(Source : AFP).
Ce texte prévoit entre autres un tout nouveau système de prise en charge des demandeurs d’asile sur le continent, afin de soulager les pays se situant le long des routes migratoires, comme l’Espagne, la Grèce ou l’Italie.
L’idée consiste, au fond, à classer les Etats membres de l’UE selon deux catégories:
- Ceux que Bruxelles considère comme étant soumis à une « pression migratoire », d’après une série de critères (nombre d’arrivées irrégulières, nombre de sauvetages en mer etc.)
- Les autres, qui, en vertu de ce nouveau mécanisme de solidarité, devront relocaliser un certain nombre de demandeurs d’asile sur leur territoire, ou verser une contribution financière aux pays sous pression (20.000 euros par personne).
Tous sous pression?
Première complication.
A écouter les 27 pays de l’UE, « tous se sentent sous pression migratoire », assure une source à la Commission, chargée d’élaborer cette répartition. Et veulent tous peser sur la méthode de calcul de l’exécutif européen.
Au cours des derniers jours, la Suède a ainsi tenu à rappeler qu’elle avait « reçu 300.000 demandes d’asile en dix ans », soit beaucoup « pour un pays de taille moyenne »; la Belgique que « ses centres d’accueil étaient pleins »; et l’Allemagne qu’elle avait accueilli plus d’un million de réfugiés ukrainiens depuis le début de la guerre.
La France insiste quant à elle sur ses opérations menées en mer pour secourir les migrants cherchant à rejoindre l’Angleterre.
La Commission devrait dévoiler sa répartition en milieu de semaine prochaine, après près d’un mois de report.
C’est sur cette base que les Etats membres débattront ensuite de combien de migrants chacun est prêt à « relocaliser » sur son sol, ou quelle aide financière ils sont prêts à verser.
Un minimum de 30.000 relocalisations est exigé chaque année, avec une décision finale indispensable d’ici fin décembre.
« Pas confiance »
Mais dans le contexte politique actuel, quels seront les pays prêts à accepter les demandeurs d’asile d’un autre? Malgré des entrées irrégulières en baisse, tous sont sous pression très forte pour serrer la vis sur l’immigration, face à la poussée de la droite et l’extrême droite.
« C’est un équilibre extrêmement délicat à trouver », affirme Camille Le Coz, directrice du centre de réflexion Migration Policy Institute Europe.
Et d’autant plus parce que les pays « ne se font pas confiance » sur cette question, explique-t-elle dans un entretien à l’AFP.
Plusieurs pays dont l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, reprochent aux pays en première ligne de laisser de nombreux migrants se diriger vers chez eux, plutôt que de traiter leurs demandes comme le droit européen les y oblige.
Des accusations que les pays concernés minimisent.
« Les Allemands sont nerveux, les tensions ont été fortes avec les Italiens et les Grecs sur ce dossier », confie un diplomate européen sous couvert d’anonymat.
« Ce n’est pas totalement simple parce que tout le monde se regarde et s’interroge: +est-ce que l’autre Etat membre ne bénéficiera pas d’une meilleure situation?+ », assure-t-il.