Défense européenne : Londres refuse de payer 6,5 milliards d’euros pour participer au programme SAFE de l’Union européenne

Les tensions entre Bruxelles et Londres refont surface. Le gouvernement britannique a opposé un refus catégorique à la demande de la Commission européenne, qui souhaitait une contribution comprise entre 4 et 6,5 milliards d’euros pour permettre au Royaume-Uni de rejoindre le programme SAFE (Security Action For Europe), un vaste plan européen de soutien à l’industrie de défense.

Un refus clair de Londres

Selon Bloomberg, Bruxelles aurait également réclamé entre 150 et 200 millions d’euros de frais administratifs. Une somme jugée « excessive » par Londres, bien supérieure aux attentes initiales du gouvernement britannique. Dans un communiqué, Downing Street a confirmé son refus :

« Nous ne conclurons que des accords qui apportent une valeur ajoutée au Royaume-Uni et à son industrie. Aucun accord n’a été conclu et nous ne ferons aucun commentaire sur les négociations en cours. »

Le Royaume-Uni estime que les conditions financières imposées par la Commission ne sont pas justifiées et qu’elles constituent un frein à une éventuelle participation. Pourtant, certains responsables britanniques reconnaissent qu’un retrait complet du programme pourrait envoyer un signal négatif à Vladimir Poutine, dans un contexte de guerre prolongée en Ukraine.

Des négociations tendues à Bruxelles

Les discussions entre la Commission européenne et les autorités britanniques se poursuivent, mais le climat reste tendu. D’après Bloomberg, plusieurs capitales européennes soutiennent Londres dans sa volonté de faire baisser la facture, tandis que d’autres États membres réclament une application stricte des règles d’accès au programme, au nom de l’équité entre participants.

La situation s’est encore crispée ce lundi, lorsque, selon le Financial Times, Ursula von der Leyen aurait refusé une rencontre avec Keir Starmer en marge de la COP 30 au Brésil, un geste perçu à Londres comme un affront diplomatique.

Un programme stratégique pour l’Europe

D’un montant global de 150 milliards d’euros, le programme SAFE a pour objectif de stimuler la production d’armement et de renforcer l’autonomie stratégique de l’Union européenne. Il prévoit la mise en place de prêts communs destinés à soutenir les entreprises européennes de défense, avec une condition clé : 65 % de la valeur des équipements produits doivent provenir d’un État membre.

Le dispositif cible plusieurs domaines sensibles : drones, cyberdéfense, missiles et technologies avancées. La France, la Pologne, la Hongrie et la Roumanie figurent déjà parmi les principaux bénéficiaires pré-sélectionnés.

Les 19 pays intéressés doivent soumettre leurs demandes d’ici le 30 novembre, alors que Londres, pour l’heure, reste sur la touche.

Un nouvel épisode des relations difficiles post-Brexit

Cette nouvelle dispute illustre une fois de plus la fragilité des relations post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, malgré la volonté affichée du gouvernement Starmer de renouer des liens pragmatiques avec Bruxelles.
Si aucun compromis n’est trouvé, Londres risque de rester à l’écart d’un programme central dans la construction d’une défense européenne intégrée, alors même que les tensions internationales ne cessent de croître.

Laisser un commentaire