Les frappes aériennes menées par les États-Unis dans les eaux internationales des Caraïbes provoquent une onde de choc diplomatique. La Grande-Bretagne et la Colombie ont annoncé qu’elles cesseraient de partager leurs renseignements avec Washington, tandis que la Russie condamne fermement ces opérations jugées contraires au droit international.
Royaume-Uni et Colombie : rupture dans la coopération sécuritaire
Selon CNN, le Royaume-Uni a interrompu depuis plus d’un mois la transmission d’informations aux États-Unis concernant les navires soupçonnés de trafic de drogue. Londres affirme qu’elle refuse de se rendre complice des frappes ordonnées par l’administration Trump, estimées « illégales » et contraires au droit international. Ces attaques ont causé au moins 76 morts depuis septembre.
Cette décision met fin à des décennies de coopération dans le cadre de la Joint Interagency Task Force South, une force multinationale basée en Floride, qui s’appuyait largement sur les renseignements britanniques pour localiser, intercepter et arraisonner les navires suspects.
En Colombie, le président Gustavo Petro a également ordonné la suspension du partage d’informations avec les agences américaines tant que les frappes dans les Caraïbes se poursuivront. Il a rappelé que « la lutte contre la drogue doit être subordonnée aux droits de l’homme du peuple caribéen ».
Un effritement des alliances traditionnelles des États-Unis
Le Canada, allié historique de Washington dans la lutte contre le narcotrafic, prend également ses distances. S’il maintient son partenariat opérationnel avec les gardes-côtes américains, Ottawa refuse que ses renseignements servent à alimenter des frappes létales.
Dans la région, les réactions sont tout aussi virulentes. Le Venezuela, confronté à une présence militaire américaine croissante – notamment l’arrivée du porte-avions USS Gerald R. Ford le 11 novembre – a dénoncé une « menace impérialiste ».
Washington invoque la menace des cartels, mais la légalité est contestée
L’administration Trump justifie ces frappes par la nécessité de neutraliser des « combattants ennemis » appartenant à des cartels désignés comme « organisations terroristes étrangères ». Les responsables américains assurent que ces embarcations représentaient une menace imminente.
Cependant, plusieurs experts juridiques contestent ces arguments. Ils rappellent que le droit des conflits armés s’applique également à des civils, même suspects de trafic de drogue, et qu’une désignation terroriste n’autorise pas automatiquement le recours à la force létale. Des éléments fournis par CNN indiquent que certains bateaux visés étaient à l’arrêt ou en train de faire demi-tour au moment des frappes.
Pour Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, ces attaques constituent des « exécutions extrajudiciaires ». Des témoignages de familles mentionnant la présence de pêcheurs civils à bord accentuent les doutes sur la nature réelle des cibles.
La Russie condamne des actions menées « sans procès, ni enquête »
Moscou a qualifié mardi 11 novembre les frappes américaines d’« inacceptables », accusant Washington d’agir comme un pays « qui se considère au-dessus des lois ». Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé des opérations effectuées « sans procès, ni enquête », en violation des normes internationales.
La Russie critique également le renforcement militaire américain dans les Caraïbes et les opérations clandestines menées au Venezuela, annoncées publiquement par Donald Trump. Ces révélations ont exacerbé les tensions déjà fortes entre Washington et Caracas, allié de longue date de Moscou.
Une crise diplomatique qui s’étend
Les relations entre les États-Unis et plusieurs de leurs partenaires traditionnels se dégradent rapidement. Dans le même temps, Moscou et Caracas renforcent leur coopération stratégique, tandis que Washington se heurte à un isolement croissant dans sa campagne contre les narcotrafiquants présumés en mer.
La multiplication des critiques internationales, conjuguée à l’absence de preuves tangibles sur les activités des navires ciblés, place désormais les frappes américaines au cœur d’un débat juridique et diplomatique majeur.