Vente américaine de F-35 à l’Arabie saoudite : l’Australie accusée d’avoir donné « carte blanche » à Washington

La décision américaine de vendre des avions de combat F-35 à l’Arabie saoudite provoque une vive polémique… en Australie. Alors que l’accord a été conclu directement entre Washington et Riyad, le gouvernement australien se retrouve au cœur d’une tempête de critiques en raison de son rôle indirect mais essentiel dans la fabrication de l’appareil.

Un programme F-35 largement produit en Australie

Selon des informations relayées par The Guardian, plus de 70 entreprises australiennes participent au programme industriel du F-35. Elles produisent ou soutiennent la fabrication de centaines de pièces essentielles de l’avion américain.
Dans l’État de Victoria seulement, plus de 700 composants majeurs du chasseur seraient fabriqués.

Jusqu’ici, cette sous-traitance n’avait jamais suscité de controverses. Mais la vente potentielle de F-35 à un pays considéré comme « problématique » change la donne.

Accusations de complicité et risques de violations des droits humains

Plusieurs associations australiennes affirment que Canberra pourrait devenir complice de violations des droits de l’Homme, si les appareils livrés à Riyad étaient un jour utilisés dans des opérations illégales ou contre des civils.

Duncan Frewin, secrétaire du groupe pacifiste Quakers Australia, se montre particulièrement critique :
• L’Arabie saoudite aurait, selon lui, un « bilan déplorable en matière de droits de l’Homme ».
• Vendre « l’avion le plus meurtrier au monde » à Riyad serait « irresponsable ».

Il estime que :

« Si ces avions larguent une bombe, c’est uniquement parce que le gouvernement australien a donné carte blanche à Lockheed Martin, en leur vendant des pièces fabriquées en Australie sans aucune restriction ni contrôle des droits de l’Homme. »

Même inquiétude du côté de Dr Sue Wareham, présidente nationale de l’Association médicale pour la prévention de la guerre. Elle s’alarme du risque que l’Arabie saoudite utilise les F-35 en violation du droit international, ce qui pourrait rendre l’Australie indirectement « complice de tout crime commis ».

Un accord conclu par Donald Trump lors de la visite de Mohammed ben Salmane

Cette controverse intervient après que le président américain Donald Trump a donné son feu vert à un important contrat d’armement avec Riyad.
L’accord, annoncé lors de la visite du prince héritier Mohammed ben Salmane à Washington, prévoit des livraisons futures de F-35, pour un total pouvant aller jusqu’à 48 appareils, représentant plusieurs milliards de dollars.

Un gouvernement australien sous pression

Pour de nombreuses organisations pacifistes, écologistes ou humanitaires, le gouvernement australienne porte une part de responsabilité en laissant l’industrie locale produire des composants destinés à des appareils susceptibles d’être utilisés dans des contextes sensibles.

Même si Canberra n’a pas signé l’accord de vente, ses choix industriels rendent possible la livraison de ces avions à Riyad.
D’où la vague de critiques dénonçant un manque de contrôle, voire une forme d’alignement automatique sur Washington.

Conclusion

La vente de F-35 à l’Arabie saoudite ne crée pas seulement un débat aux États-Unis ou au Moyen-Orient, mais met également l’Australie dans une position délicate. Accusé d’irresponsabilité et de complaisance, le gouvernement doit désormais répondre aux inquiétudes concernant l’usage potentiel de technologies dont une partie essentielle est fabriquée sur son sol.

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