Chantage à la sextape : le maire de Saint-Étienne Gaël Perdriau condamné à quatre ans de prison ferme et à l’inéligibilité immédiate

Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a été reconnu “entièrement coupable” de chantage à la sextape, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics par le tribunal correctionnel de Lyon, lundi. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont quatre ans ferme, assortis d’un mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire, ainsi qu’à cinq ans d’inéligibilité immédiate, le contraignant à quitter immédiatement la mairie.

À 53 ans, l’édile, exclu du parti Les Républicains depuis 2022, maintient son innocence. À sa sortie du tribunal, il a déclaré : « Je suis innocent, cette décision est totalement incompréhensible », annonçant son intention de faire appel.

La condamnation de Gaël Perdriau fait suite à l’affaire remontant à 2015, lorsque son ancien premier adjoint, Gilles Artigues, a été filmé à son insu avec un prostitué. La vidéo a ensuite été utilisée pour le faire chanter et le contraindre à rester discret. Les déclarations de ses co-prévenus, qui ont reconnu avoir organisé le piège à la demande du maire, ainsi qu’un enregistrement audio dans lequel il menace Artigues, ont considérablement fragilisé sa défense.

La présidente du tribunal, Brigitte Vernay, a insisté sur la gravité des faits et le devoir d’exemplarité des élus : « Le tribunal a bien entendu tout ce que vous avez opposé aux accusations, mais il n’a rien trouvé en termes d’excuses pour minimiser l’extrême gravité des faits ».

Des peines lourdes pour les complices

Pierre Gauttieri, ancien directeur de cabinet de Perdriau et reconnu coupable d’avoir orchestré le piège, a été condamné à deux ans de prison ferme. Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet, impliqués dans le montage avec l’escort-boy, ont écopé de trois ans ferme chacun. Ce dernier, à l’origine de la révélation de l’affaire en 2022 auprès de Mediapart, a reconnu : « Le jugement dit que je dis bien la vérité. Cette vérité est implacable pour moi, mais je l’assume ».

Deux couples dirigeants d’associations stéphanoises, qui avaient perçu des subventions municipales, ont été relaxés, le tribunal n’ayant pas discerné d’intention frauduleuse de leur part.

Réactions contrastées

Gilles Artigues, victime du chantage, a exprimé son soulagement : « Aujourd’hui je pense que je vais pouvoir me reconstruire ». Me André Buffard, son avocat, a salué une décision « très sévère mais en rapport avec sa responsabilité et sa participation à des faits véritablement mafieux ».

Du côté de l’opposition locale, Isabelle Dumestre a estimé que « la justice a mis Gaël Perdriau hors d’état de nuire », tandis que le socialiste Johann Cesa a renchéri : « C’est une bonne nouvelle pour Saint-Étienne ».

De leur côté, les avocats de Perdriau ont jugé la sévérité du jugement inouïe et prévoient de déposer une demande de mise en liberté dès que possible.

Cette condamnation marque un tournant inédit dans l’histoire politique stéphanoise, plaçant le maire en situation de perte totale de ses fonctions et soulignant l’importance de l’exemplarité et de l’intégrité des élus face aux affaires de chantage et de corruption.

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