Les États-Unis ont clairement indiqué que toute réduction de leurs droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens serait subordonnée à un assouplissement de l’application des règles numériques de l’Union européenne (UE). Cette position a été réaffirmée à Bruxelles lundi lors d’une réunion avec le secrétaire américain au commerce Howard Lutnick et le représentant au commerce Jamieson Greer.
Selon Lutnick, proche allié du président Donald Trump, Washington pourrait réduire les droits de douane imposés sur l’UE, mais uniquement si les Européens réévaluent la manière dont ils appliquent leurs politiques phares en matière de réglementation numérique. Il a précisé que les règles elles-mêmes ne seraient pas supprimées, mais que leur mise en œuvre devrait être plus équilibrée pour les entreprises technologiques américaines.
L’UE cherche à obtenir une réduction de 50 % des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, imposés en juin par les États-Unis sous pression de l’industrie américaine. Toutefois, Washington souhaite que l’UE “mette de côté ces règles, mais trouve l’approche équilibrée qui fonctionne pour nous”, avant d’aborder les questions tarifaires, a déclaré Lutnick aux journalistes.
Des discussions franches à Bruxelles
Lutnick et Greer ont rencontré les ministres du commerce des 27 pays de l’UE et le commissaire européen au Commerce, Maroš Šefčovič, lors d’un déjeuner de travail qualifié de “ouvert et direct” par un diplomate européen. La mise en œuvre de l’accord commercial signé cet été était au cœur des discussions. Cet accord avait triplé les droits de douane américains sur certains produits européens, tandis que l’UE avait accepté de réduire à 0 % les droits sur la plupart des produits industriels américains, à l’exception de l’acier et de l’aluminium, toujours taxés à 50 %.
Les représentants américains ont également rencontré la commissaire européenne chargée de la technologie, Henna Virkkunen, qui a réaffirmé l’importance des règles du marché numérique (DMA) et des services numériques (DSA). Ces déclarations montrent que la Commission européenne n’est pas disposée à modifier ces régulations pour le moment.
Une divergence sur l’application des règles
L’UE insiste sur le fait que ses règles s’appliquent de manière non discriminatoire à toutes les entreprises opérant sur le marché unique, y compris les américaines. Pour Šefčovič, ces régulations ne ciblent aucune entreprise en particulier. Cependant, les États-Unis affirment que les grandes entreprises technologiques américaines subissent des mesures disproportionnées.
Jamieson Greer a ainsi déclaré : “La mise en œuvre est parfois très agressive”, ajoutant que le gouvernement américain souhaite protéger les revenus globaux de ses entreprises face aux régulations étrangères. Cette position survient alors que Bruxelles a récemment ouvert des enquêtes contre Amazon et Microsoft dans le cadre de l’accord sur les marchés publics, et infligé à Google une amende de 2,95 milliards d’euros pour violation des règles antitrust, malgré les pressions américaines.
Cette confrontation met en lumière les tensions croissantes entre Washington et Bruxelles, où les intérêts commerciaux se heurtent aux régulations numériques européennes, considérées comme trop strictes par les États-Unis.