Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, a adressé dimanche 30 novembre une demande de grâce au président d’Israël, Isaac Herzog, dans le cadre de son procès pour corruption ouvert en mai 2020. Selon la présidence israélienne, il s’agit d’« une demande de grâce exceptionnelle, aux conséquences significatives ». Le président examinera la requête « avec responsabilité et sérieux » après avoir reçu tous les avis nécessaires.
Dans la lettre adressée au bureau du président, les avocats de Netanyahu expliquent que, tout en continuant à croire à un acquittement complet, le Premier ministre souhaite cette grâce pour « l’intérêt public » et pour faire face aux « immenses défis » que traverse le pays. Netanyahu a lui-même déclaré, dans une courte vidéo diffusée par son parti, le Likoud : « Mes avocats ont envoyé une demande de grâce au président du pays aujourd’hui. Je m’attends à ce que tous ceux qui souhaitent le bien du pays soutiennent cette démarche. »
Les avocats du Premier ministre ont également souligné que les poursuites pénales avaient exacerbé les divisions sociales et que l’abandon du procès serait indispensable à la réconciliation nationale. Netanyahu a expliqué que les audiences constituent un fardeau personnel, affirmant : « On m’oblige à témoigner trois fois par semaine […]. C’est une exigence impossible qui n’est imposée à aucun autre citoyen. » Selon lui, « la fin immédiate du procès contribuera grandement à apaiser les tensions et à promouvoir la réconciliation générale dont notre pays a tant besoin ».
Soutien des alliés et du gouvernement
Plusieurs figures proches de Netanyahu ont exprimé leur soutien à cette demande de grâce. Le ministre israélien de la Justice, Yariv Levin, membre du Likoud et proche allié du Premier ministre, sera impliqué dans l’examen de la requête. Le ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé que la grâce permettrait « de mettre fin à la déchirure profonde qui accompagne la société israélienne depuis une décennie et de rassembler l’État face aux défis et aux opportunités ». Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, du mouvement Sionisme religieux (extrême droite), a estimé que Netanyahu avait été « persécuté pendant des années par un système judiciaire corrompu qui a fabriqué des affaires politiques contre lui ».
Critiques de l’opposition
Dans l’opposition, la demande de grâce suscite de vives critiques. Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a déclaré que Netanyahu ne devrait pas être gracié sans aveu de culpabilité, expression de remords et retrait immédiat de la vie politique. Yaïr Golan, chef du parti de gauche « Les Démocrates », a appelé le Premier ministre à « prendre ses responsabilités, reconnaître sa culpabilité, quitter la politique et libérer le peuple et l’État, seule manière d’obtenir l’unité nationale ».
Contexte judiciaire et accusations
Benjamin Netanyahu et son épouse Sara sont accusés d’avoir accepté des cadeaux de luxe (cigares, bijoux, champagne) d’une valeur totale de plus de 260 000 dollars (environ 225 000 euros) de la part de milliardaires en échange de faveurs politiques. Dans deux autres affaires, Netanyahu est accusé d’avoir tenté d’obtenir une couverture médiatique favorable dans deux médias israéliens.
Netanyahu est le premier Premier ministre israélien en fonction à être mis en examen pour corruption. Depuis le début de son mandat actuel fin 2022, son parti a proposé des réformes judiciaires controversées qui, selon ses détracteurs, visaient à affaiblir les tribunaux. Ces réformes ont provoqué des manifestations massives qui ne se sont terminées qu’après le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza.
Contexte historique et international
À 76 ans, Netanyahu est le Premier ministre israélien ayant exercé le plus longtemps, avec plus de 18 ans au pouvoir depuis 1996. Il a annoncé qu’il se représenterait aux prochaines élections, prévues avant la fin de l’année 2026.
Le président américain Donald Trump avait écrit au président Herzog plus tôt ce mois-ci pour lui demander d’accorder une grâce à Netanyahu. Ce dernier a nié à plusieurs reprises toutes les accusations de corruption, fraude et abus de confiance.
En septembre dernier, Isaac Herzog avait laissé entendre qu’il pourrait accorder la grâce, déclarant que le procès du Premier ministre « pes(ait) lourdement sur la société israélienne ».
Les poursuites contre Netanyahu et son épouse concernent des affaires de cadeaux et de faveurs politiques ainsi que des tentatives de négocier une couverture médiatique favorable, tandis que le Premier ministre affirme que son procès constitue un obstacle à sa gouvernance et à l’unité nationale.