Une vaste enquête judiciaire secoue l’Algérie après la mise au jour d’un réseau de corruption et de transfert illicite de capitaux impliquant la société SPA Staem, une entreprise algéro-émiratie active dans la fabrication de tabac et de soufre. Son propriétaire, identifié par les initiales M.A., a été placé en détention provisoire, aux côtés de plusieurs autres personnes poursuivies dans cette affaire.
Une enquête lancée par la justice spécialisée
L’affaire est instruite par la deuxième chambre du pôle pénal économique et financier de la juridiction spécialisée de Sidi M’hamed, à Alger.
Elle a été déclenchée le 13 novembre 2025 après des investigations menées par le Service central de lutte contre le crime organisé de Saoula, qui ont mis au jour un ensemble de flux financiers suspects liés aux activités de l’entreprise.
Les autorités judiciaires évoquent une série d’infractions graves, parmi lesquelles :
• blanchiment d’argent,
• violation de la réglementation sur les changes et les mouvements de capitaux vers l’étranger,
• enrichissement illicite,
• conflit d’intérêts,
• dissimulation de fonds.
Selon les premiers éléments, une partie des capitaux détournés aurait servi à l’acquisition de biens immobiliers dans des quartiers huppés d’Alger, confirmant des opérations d’enrichissement personnel dissimulées.
Un système facilité par une implantation binationale
SPA Staem opère simultanément en Algérie et aux Émirats arabes unis.
Pour les enquêteurs, cette double implantation aurait permis de contourner les dispositifs algériens de contrôle financier, facilitant le transfert illégal de fonds vers l’étranger. Les structures de l’entreprise à l’international auraient servi de couverture à ces mouvements de capitaux, échappant en partie au suivi réglementaire national.
Des preuves matérielles ont été saisies, notamment concernant l’usage de fonds d’origine suspecte pour l’achat de propriétés haut de gamme, ainsi que la dissimulation de transactions financières. Les investigations doivent encore permettre d’évaluer l’ampleur exacte du préjudice économique pour l’État.
Un signal fort envoyé par les autorités
Cette affaire s’inscrit dans une dynamique plus large d’assainissement économique menée par les institutions algériennes.
Le gouvernement intensifie depuis plusieurs années la lutte contre la corruption, notamment en s’appuyant sur la loi 01-06 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, qui encadre strictement les pratiques financières et impose davantage de transparence.
L’ouverture de ce dossier illustre la volonté des autorités de réprimer fermement les pratiques illicites, qu’il s’agisse de fuite de capitaux ou de corruption transnationale. Le pôle judiciaire spécialisé affirme vouloir traiter ce type d’affaires avec la plus grande rigueur, dans un contexte où les flux financiers illicites représentent un enjeu majeur pour l’économie nationale.
Des ramifications internationales encore à éclaircir
L’enquête se poursuit et devrait connaître de nouveaux développements dans les prochaines semaines. Les autorités cherchent notamment à déterminer l’étendue des réseaux impliqués et les responsabilités exactes de chaque acteur dans ce scandale financier aux dimensions internationales.
Les investigations, toujours en cours, pourraient révéler de nouveaux éléments sur les circuits de transfert de fonds et les complicités éventuelles à l’étranger. Un dossier appelé à faire encore parler de lui, alors que la justice algérienne entend poursuivre son action contre les détournements et la criminalité économique.