Emmanuel Macron a entamé ce mercredi une visite d’État de trois jours en Chine, sa quatrième depuis le début de sa présidence. Ce déplacement, marqué par de fortes attentes diplomatiques et économiques, vise à défendre les intérêts français dans les échanges commerciaux avec Pékin et à aborder plusieurs dossiers sensibles, dont la guerre en Ukraine.
Une visite stratégique dans un contexte de tensions croissantes
Le président français est attendu à Pékin à 17 h, heure locale, pour le début d’une séquence diplomatique qui mêlera dialogues officiels, rencontres économiques et échanges plus informels. La première étape de son déplacement sera symbolique : la visite des jardins de Qianlong, au cœur de la Cité interdite, avant d’entamer les discussions politiques dès le lendemain avec le président chinois Xi Jinping.
Vendredi, les deux dirigeants se retrouveront également à Chengdu, dans la province du Sichuan, pour une rencontre plus informelle.
Macron est accompagné de son épouse Brigitte, de six ministres (Affaires étrangères, Économie, Agriculture, Environnement, Enseignement supérieur, Culture) et de 35 dirigeants d’entreprises françaises, du secteur aéronautique à l’agroalimentaire.
À la veille de l’arrivée du chef de l’État, l’Élysée a rappelé l’objectif central de cette visite : faire en sorte que « l’Europe soit respectée comme un grand partenaire de la Chine ».
Pressions sur Pékin concernant la guerre en Ukraine
La guerre en Ukraine occupera une place centrale dans les échanges entre les deux présidents. Emmanuel Macron compte appeler Xi Jinping à peser davantage sur la Russie pour encourager un cessez-le-feu. Pékin reste un allié stratégique de Moscou et n’a jamais condamné l’invasion russe, malgré ses appels répétés à des pourparlers de paix.
Les pays occidentaux accusent par ailleurs la Chine de contribuer indirectement à l’effort de guerre russe en fournissant des composants destinés à l’industrie de défense.
Pour Paris, ce dossier est directement lié à la sécurité du continent européen.
Déficit commercial et investissements : un enjeu au cœur de la visite
Autre sujet majeur : le déséquilibre commercial entre la France et la Chine. En dix ans, le déficit français a doublé pour atteindre 47 milliards d’euros en 2024. Paris juge que les surcapacités industrielles chinoises entraînent une hausse des exportations et provoquent des « risques géopolitiques » tels que la fermeture de marchés ou des risques de récession.
La France cherche donc à attirer davantage d’investissements chinois et à favoriser les transferts de technologies dans les secteurs stratégiques, notamment :
• les mobilités durables,
• les batteries,
• le photovoltaïque.
Plusieurs projets communs existent déjà, comme l’association d’Orano avec le chinois XTC New Energy à Dunkerque, ou encore la production de batteries électriques pour Renault par une filiale du groupe Envision à Douai.
Cependant, les tensions commerciales demeurent fortes. Pékin vise plusieurs produits français (cognac, produits laitiers, viande porcine) à travers des enquêtes susceptibles de déboucher sur des surtaxes. Ces procédures font suite au soutien de Paris à la hausse des droits de douane européens sur les voitures électriques chinoises. L’Élysée juge ces enquêtes « inacceptables ».
Les terres rares, un sujet hautement sensible
Les terres rares devraient également être abordées. La Chine contrôle la majeure partie de la production mondiale de ces minerais stratégiques, indispensables à de nombreux secteurs : automobile, énergies renouvelables, défense. Pékin encadre strictement leur exportation, ce qui inquiète les industriels européens.
Shein dans le viseur des autorités françaises
Le géant chinois du e-commerce Shein fait l’objet d’un examen attentif de Paris et de l’Union européenne. La France demande la suspension du site pour au moins trois mois, notamment en raison de ventes de produits illégaux, dont des poupées à caractère pédopornographique.
Des accords économiques annoncés malgré les tensions
Malgré les divergences, plusieurs accords devraient être signés durant la visite, notamment dans les domaines :
• aéronautique,
• énergétique,
• agroalimentaire.
L’Élysée souligne la « profondeur » des échanges économiques entre les deux pays.
Les droits humains également au programme
Emmanuel Macron abordera également la question des droits humains en Chine. L’organisation International Campaign for Tibet appelle le président français à demander la libération immédiate de Zhang Yadi, militante tibétaine arrêtée en juillet et menacée de 15 ans de prison pour « incitation au séparatisme ».
Selon la présidence française, « toutes les questions seront traitées » lors du dialogue entre les deux dirigeants.