Guerre en Ukraine : L’OTAN pourrait envisager des frappes préventives contre Moscou,attentat à la voiture piégée à Moscou, les États-Unis négocient,accord pour interdire toutes les importations de gaz russe – le point ce 3 décembre

Les relations entre l’OTAN, la Russie et les États occidentaux ont connu ces derniers jours une nouvelle intensification, marquée par une mise en garde inédite de l’OTAN, un attentat présumé à Moscou contre un expert en armement stratégique, une rencontre russo-américaine qualifiée de « constructive » malgré l’absence de compromis, et un accord décisif de l’Union européenne pour couper définitivement ses importations de gaz russe d’ici 2027.

L’OTAN évoque des « frappes préventives » et accuse Moscou d’intensifier ses actions hybrides

Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les tensions entre l’OTAN et la Russie n’ont cessé de s’aggraver. Dernier épisode en date : les déclarations du général italien Roberto Dragone, haut responsable militaire de l’alliance, évoquant une possible évolution de la doctrine de cyberdéfense de l’OTAN vers une posture plus offensive.

Selon Dragone, l’alliance pourrait envisager des opérations cyber « proactives », voire « préventives », dans certaines circonstances qualifiées de « défensives ». Ces propos, rapportés par le Financial Times et analysés par le Kyiv Independent, ont provoqué une réaction immédiate de Moscou.

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a dénoncé des « propos irresponsables » reflétant selon elle « la volonté de l’OTAN d’aggraver l’escalade ». Elle accuse l’alliance de « saper délibérément les efforts de résolution de la crise ukrainienne ».

En parallèle, l’OTAN accuse Moscou de multiplier les actions hostiles. Selon des responsables cités par Newsweek, les États membres seraient quotidiennement visés par des cyberattaques attribuées à la Russie, décrites comme des actions de « guerre hybride » comprenant également campagnes d’influence, pressions migratoires manipulées, et ciblage d’infrastructures critiques.

Violations répétées de l’espace aérien de l’OTAN

Selon plusieurs sources européennes, Moscou ne se limite pas au cyberespace. Les provocations se multiplient en mer Baltique et dans l’espace aérien de l’OTAN. L’incident le plus sérieux remonte à septembre 2025, lorsque près de vingt drones russes ont violé l’espace aérien polonais. Varsovie avait alors invoqué l’article 4 de l’OTAN, provoquant une réunion d’urgence des membres de l’alliance. Cet événement a conduit les Européens à réévaluer leur posture de défense à l’Est.

Moscou : explosion d’un véhicule appartenant à un développeur de missiles de précision

Alors que les tensions internationales se renforcent, un attentat présumé a eu lieu lundi matin à Moscou. Une LandCruiser 200 Prado a explosé dans le quartier de Novi Moskovsky, sans faire de victime, mais détruisant totalement le véhicule et soufflant les vitres d’un immeuble proche.

Selon le Moscow Times, le propriétaire du véhicule est un scientifique de 41 ans, docteur en sciences physiques et mathématiques, travaillant à l’Institut de recherche Polyus de Moscou. Cet établissement collabore régulièrement avec le conglomérat public de défense Rostec, et développe des technologies sensibles : lasers, désignateurs de cibles, gyroscopes pour missiles de précision.

L’individu visé était en déplacement professionnel en Asie du Sud-Est lors de l’explosion.

Les autorités n’excluent pas une cause mécanique, mais la thèse de l’attentat à la voiture piégée est privilégiée en raison du profil de la cible. Ce type d’attaque s’est multiplié en Russie ces derniers mois : un général russe avait été tué dans une explosion similaire en avril, et des vétérans des forces spéciales avaient été visés en juillet à Moscou.

États-Unis–Russie : une rencontre « utile » mais aucun compromis sur les territoires occupés

Malgré les tensions militaires et sécuritaires, un canal diplomatique reste ouvert. Hier, Steve Witkoff, représentant spécial américain, a rencontré Vladimir Poutine au Kremlin en présence de Jared Kushner.

Selon Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, « quelques progrès » ont été réalisés, notamment autour de garanties de sécurité futures pour l’Ukraine. Toutefois, aucun accord n’a été trouvé sur la question centrale des territoires ukrainiens occupés par la Russie, qui représentent environ 19 % du pays.

Du côté russe, le conseiller diplomatique Iouri Ouchakov a parlé d’une rencontre « utile et constructive », mais a admis qu’« aucun compromis n’a été retenu » pour l’instant.

Vladimir Poutine, en marge de la rencontre, a accusé les Européens de mener des « actions destructrices » susceptibles de perturber les négociations. Il a affirmé que la Russie n’avait « pas l’intention de faire la guerre à l’Europe », tout en déclarant que Moscou était « prête si nécessaire ».

Du côté ukrainien, Volodymyr Zelensky accuse Moscou de chercher à « affaiblir les sanctions » par la voie diplomatique. Il réclame une paix durable, et non une simple « pause » dans les combats. Zelensky est affaibli en interne par un scandale de corruption ayant entraîné la démission d’Andriï Iermak, son chef de cabinet.

L’Union européenne acte une rupture totale avec le gaz russe à partir de 2027

Sur le front énergétique, un accord majeur a été trouvé à Bruxelles. Les États européens et les eurodéputés ont acté l’interdiction complète des importations de gaz russe dès l’automne 2027, avec un calendrier différencié selon les types de contrats :
• Gazoducs : fin des contrats longs au plus tard le 1er novembre 2027
• GNL (gaz naturel liquéfié) : interdiction des contrats longs dès le 1er janvier 2027
• Contrats courts : interdiction entre avril et juin 2026, selon les catégories

Les entreprises européennes pourront invoquer la « force majeure » pour rompre leurs contrats sans pénalité, grâce au cadre législatif adopté.

L’objectif est de priver Moscou d’une ressource financière essentielle. Malgré la réduction progressive des importations depuis 2022, la Russie représentait encore 20 % du GNL européen en 2024, pour un montant total estimé à 15 milliards d’euros en 2024.

Cette loi contourne la nécessité de l’unanimité – et donc un possible veto de la Hongrie ou de la Slovaquie – en passant par une procédure majoritaire.

Par ailleurs, Bruxelles prépare un second dispositif pour mettre fin aux importations de pétrole russe en Hongrie et en Slovaquie d’ici fin 2027.

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