Guerre en Ukraine : Xi Jinping rejette les demandes de pression sur Moscou formulées par Emmanuel Macron

En visite d’État en Chine, le président français Emmanuel Macron a exhorté jeudi son homologue chinois Xi Jinping à utiliser son influence pour favoriser une issue au conflit en Ukraine et corriger les déséquilibres commerciaux. Mais le dirigeant chinois a opposé une fin de non-recevoir ferme, refusant toute mise en cause du rôle de Pékin dans la poursuite de la guerre.

Un échange direct mais sans concessions

Sous les lustres du Grand Hall du peuple, à Pékin, Xi Jinping a balayé les appels de Macron à intervenir auprès de Vladimir Poutine en faveur d’un cessez-le-feu. Le dirigeant chinois a déclaré que la Chine « soutient tous les efforts pour la paix », tout en rejetant « les accusations sans fondement ou discriminatoires » visant son pays.

Cette réponse vise clairement les critiques européennes pointant l’augmentation spectaculaire des échanges sino-russes depuis 2022, ainsi que la fourniture de technologies duales utilisées dans l’effort de guerre russe, comme certains composants de drones. Pékin dément toute aide militaire directe.

Macron insiste sur la sécurité européenne

Devant la presse, Emmanuel Macron a souligné avoir « longuement évoqué » la guerre en Ukraine, qualifiée de « menace vitale pour la sécurité européenne ». Il a exprimé l’espoir que la Chine rejoigne les efforts internationaux pour obtenir un cessez-le-feu rapide.

Tout en reconnaissant l’existence de « désaccords » persistants, le président français a insisté sur la nécessité de « savoir les dépasser », rappelant que la coopération avec la Chine reste « déterminante » sur le dossier ukrainien.

Une visite d’État hautement symbolique

Le couple présidentiel chinois, accompagné de Peng Liyuan, a reçu Emmanuel et Brigitte Macron dans le décor solennel du Palais du peuple. Les deux délégations ont assisté à une série de signatures d’accords économiques et industriels, en présence de dirigeants d’entreprises françaises telles qu’Airbus, EDF ou Danone.

Il s’agit de la quatrième visite d’État de Macron en Chine depuis 2017. L’Élysée voit dans le temps accordé par Xi Jinping un signe de l’importance que Pékin donne à la relation bilatérale.

Des différends profonds et persistants

Sur le plan diplomatique, l’Europe continue d’appeler Pékin à peser sur Moscou, mais la Chine n’a jamais condamné l’invasion de l’Ukraine. Elle reste l’un des principaux soutiens économiques de la Russie, notamment en achetant massivement des combustibles fossiles.

En septembre dernier, Xi Jinping avait d’ailleurs réservé un traitement privilégié à Vladimir Poutine en l’invitant à un gigantesque défilé militaire, aux côtés du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Le dossier brûlant des déséquilibres commerciaux

La relation économique entre la Chine et l’Union européenne est marquée par un fort déséquilibre : un déficit commercial de 357 milliards de dollars pour l’UE. Les Européens dénoncent régulièrement des pratiques jugées déloyales, notamment dans les secteurs des voitures électriques ou de l’acier.

Macron a néanmoins assuré avoir été entendu dans son appel à davantage d’investissements chinois en France, notamment dans les batteries, les technologies décarbonées et les énergies renouvelables. Une lettre d’intention a été signée.

Xi Jinping a déclaré que les deux pays s’engagent à « promouvoir le développement équilibré » des relations commerciales, affirmant que « l’interdépendance n’est pas un risque ».

Suite de la visite : Chengdu et diplomatie des pandas

Les deux couples présidentiels devaient ensuite se rendre à Chengdu, dans le Sichuan, pour poursuivre leurs échanges dans un cadre plus informel. Emmanuel Macron rencontrera des étudiants chinois, tandis que Brigitte Macron visitera une base de recherche consacrée aux pandas géants.

La France et la Chine ont confirmé la poursuite de leur coopération sur la conservation de cet animal emblématique, figure majeure de la diplomatie culturelle chinoise.

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