Présidentielle au Honduras : Salvador Nasralla dénonce un « vol » du scrutin au profit de Nasry Asfura soutenu par Donald Trump

La tension politique s’intensifie au Honduras alors que le décompte des voix de l’élection présidentielle du 30 novembre crée une crise de confiance entre candidats, institutions et observateurs internationaux. Le candidat libéral Salvador Nasralla a dénoncé lundi un « vol » électoral destiné à favoriser son rival conservateur Nasry Asfura, soutenu par le président américain Donald Trump.

Un dépouillement longtemps bloqué, puis relancé

Après plusieurs jours d’interruption, le décompte électoral, figé à 88,6 % samedi, a repris lundi. Avec près de 99 % des bulletins désormais dépouillés, Nasry Asfura, homme d’affaires de 67 ans et membre du Parti national (PN), obtient 40,53 % des voix. Salvador Nasralla, candidat du Parti libéral (PL) et figure médiatique de 72 ans, suit avec 39,16 %, selon les chiffres fournis par le Conseil national électoral (CNE).

Sur X, Nasralla a dénoncé « une manipulation du système informatique », affirmant que son parti disposait d’une avance de 20 % avant une nouvelle suspension du dépouillement lundi. Il réclame un « recompte bulletin par bulletin » et accuse certains bureaux de vote d’avoir ignoré la reconnaissance biométrique et rédigé des procès-verbaux « de manière arbitraire ».

Le CNE défend des mesures techniques et un audit externe

Face aux accusations, la présidente du CNE, Ana Paola Hall, a déclaré que des « mesures techniques nécessaires », accompagnées d’un audit externe, avaient été mises en place pour garantir l’intégrité du processus.
Le CNE reconnaît toutefois que 2 749 procès-verbaux, représentant 14,5 % des votes valides, présentent des « incohérences » et doivent encore être vérifiés. L’institution a jusqu’au 30 décembre pour proclamer officiellement le vainqueur.

Marlon Ochoa, membre d’opposition au sein du CNE, estime pour sa part que ces élections figurent parmi « les plus manipulées et les moins crédibles » de l’histoire démocratique du pays.

Le parti Libre réclame l’annulation du scrutin

Rixi Moncada, candidate du parti Libre de la présidente sortante Xiomara Castro, arrive largement derrière les deux hommes. Son mouvement a appelé dimanche à une « annulation totale » de l’élection, invoquant une « ingérence » des États-Unis et demandant des mobilisations et des grèves.

L’administration Trump a réagi lundi en affirmant que le scrutin était « intègre » et qu’il n’existait « aucune preuve crédible » justifiant une annulation. Donald Trump avait affiché avant l’élection un soutien explicite à Nasry Asfura, qu’il a décrit comme un « ami de la liberté ».

Parallèlement, Trump a gracié l’ex-président hondurien Juan Orlando Hernández, mentor politique d’Asfura, condamné à 45 ans de prison aux États-Unis pour trafic de drogue. Le parquet général du Honduras a demandé lundi à Interpol de procéder à son arrestation.

Une élection sous pression internationale

Les observateurs de l’Organisation des États américains (OEA) ont demandé samedi « une accélération » du dépouillement, alors que le pays, fort de 10 millions d’habitants, se retrouve plongé dans un climat de suspicion généralisée.
Le CNE attribue les suspensions répétées du dépouillement à des « problèmes techniques » rencontrés par l’entreprise privée chargée de transmettre et de diffuser les résultats.

Dans un contexte où la méfiance s’installe, les prochains jours seront décisifs pour déterminer si le Honduras parviendra à sortir de cette crise électorale sans basculer dans une contestation prolongée.

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