La victoire de José Antonio Kast à l’élection présidentielle chilienne continue de susciter de vives réactions en Amérique latine. Le président élu, qui n’entrera officiellement en fonction que le 11 mars prochain, a bâti une grande partie de sa campagne sur la lutte contre la criminalité et l’immigration clandestine, promettant notamment des expulsions massives. Des positions qui inquiètent, en particulier au Venezuela, d’où provient une part importante des migrants installés au Chili.
Depuis son succès électoral, le candidat d’extrême droite tente toutefois de nuancer son discours. Il cherche à rassurer face aux craintes liées à son soutien passé à la dictature d’Augusto Pinochet, responsable de milliers de morts et de disparitions. Malgré cette tentative d’apaisement, ses déclarations de campagne continuent de provoquer des tensions diplomatiques.
La mise en garde de Nicolas Maduro
Lundi 15 décembre, le président vénézuélien Nicolas Maduro a réagi avec virulence dans son émission télévisée hebdomadaire Con Maduro +. S’adressant directement à José Antonio Kast, il a dénoncé ses positions idéologiques et ses promesses électorales concernant les migrants.
Faisant référence au passé nazi du père de Kast et au soutien assumé du président élu à l’héritage politique d’Augusto Pinochet, Nicolas Maduro a lancé une mise en garde sans détour. Il a notamment appelé le futur chef de l’État chilien à respecter les ressortissants vénézuéliens vivant au Chili, affirmant que toute atteinte à leur intégrité ne resterait pas sans réponse.
Cette sortie fait également écho aux déclarations de campagne de José Antonio Kast, qui avait promis d’expulser près de 340 000 migrants en situation irrégulière, majoritairement vénézuéliens. Il leur avait donné jusqu’au jour de son investiture pour quitter le pays, menaçant sinon de les arrêter et de les expulser sans ménagement.
Une réponse ferme de José Antonio Kast
Face aux propos de Nicolas Maduro, José Antonio Kast n’a pas tardé à réagir. Mardi, il a qualifié le président vénézuélien de « narcodictateur » et a affirmé être totalement indifférent à ses mises en garde concernant la future politique migratoire du Chili.
Selon Kast, le chef de l’État vénézuélien serait fragilisé par les pressions internationales, notamment celles exercées par les États-Unis, qu’il accuse Caracas de subir en raison du trafic de drogue. Il a tenu ces propos avant de se rendre en Argentine, où il a réservé son premier déplacement officiel au président ultralibéral Javier Milei, marquant ainsi ses affinités politiques régionales.
Un isolement croissant du Venezuela
Dans un contexte régional marqué par une poussée des gouvernements conservateurs et de droite, Nicolas Maduro pourrait se retrouver de plus en plus isolé sur la scène latino-américaine. Le soutien affiché de Donald Trump aux dirigeants opposés au pouvoir vénézuélien renforce cette dynamique et accentue la pression diplomatique autour de Caracas.
Cette confrontation verbale entre Santiago et Caracas illustre les tensions idéologiques qui traversent l’Amérique latine, notamment autour des questions migratoires, de sécurité et de mémoire politique. Reste à savoir si, une fois en fonction, José Antonio Kast maintiendra une ligne dure ou optera pour une approche plus pragmatique face à un dossier migratoire particulièrement sensible.