Lors d’un discours en Caroline du Nord, Donald Trump a raconté une prétendue conversation téléphonique avec Emmanuel Macron, au cours de laquelle il aurait menacé la France de droits de douane afin de contraindre Paris à relever le prix des médicaments. Une version immédiatement contestée par l’Élysée, qui juge ce récit « sans aucun sens ».

Un discours de campagne centré sur le bilan économique

Devant ses partisans réunis vendredi 19 décembre à Rocky Mount, en Caroline du Nord, Donald Trump a longuement défendu son bilan économique, qu’il a qualifié de « première année de mandat la plus réussie de tous les présidents de l’histoire » des États-Unis. Le président américain a particulièrement insisté sur sa politique de baisse des prix des médicaments, thème central de son intervention.

Pour illustrer sa stratégie de négociation, Donald Trump a évoqué un échange téléphonique qu’il dit avoir eu avec Emmanuel Macron. Selon lui, cette discussion s’inscrivait dans une volonté de contraindre les pays européens, où les médicaments sont moins chers, à augmenter leurs prix afin de permettre une baisse significative aux États-Unis.

Une stratégie assumée de pression sur les pays européens

Donald Trump affirme depuis le début de son mandat vouloir faire payer davantage les pays européens, dont la France, où les médicaments sur ordonnance coûtent en moyenne 2,5 fois moins cher qu’aux États-Unis, selon une étude de la Rand Corporation. L’objectif affiché est de compenser la baisse des prix américains par une hausse ailleurs.

« Le prix de tel médicament va passer de 10 dollars à seulement 20 ou 30 dollars dans les autres pays, et il va baisser de 130 à 20 dollars aux États-Unis », a expliqué le président américain. Il dénonce des décennies durant lesquelles, selon lui, « les nations du monde entier nous arnaquaient », évoquant des prix américains parfois dix fois supérieurs à ceux pratiqués à Paris, Londres ou ailleurs.

Le récit d’un échange tendu avec Emmanuel Macron

Dans son discours, Donald Trump a raconté sa méthode de négociation face aux pays réticents, citant en exemple la France. Il affirme avoir déclaré à Emmanuel Macron que les prix des médicaments devraient être « doublés ou triplés », avant de brandir la menace de droits de douane de 25 % sur l’ensemble des exportations françaises vers les États-Unis.

Selon le président américain, cette menace aurait provoqué « un silence de mort » au téléphone, avant qu’Emmanuel Macron n’accepte finalement l’accord. « Emmanuel est un type formidable », a ajouté Donald Trump, concluant son récit par un supposé « marché conclu ».

L’Élysée dément et relativise

Contactée à ce sujet, une source de l’Élysée a rejeté cette version des faits, estimant qu’elle n’a « aucun sens ». La présidence française rappelle que le chef de l’État ne fixe pas le prix des médicaments, qui relève de mécanismes réglementaires précis. Elle souligne également que les prix sont globalement restés stables en France ces derniers mois, constat vérifiable dans les pharmacies.

Un plan américain et des accords avec les laboratoires

En mai dernier, Donald Trump avait annoncé un plan visant à aligner le prix des médicaments aux États-Unis sur celui pratiqué dans le pays le moins cher. « Je viens de le signer il y a quelques mois, et il est actuellement mis en œuvre », a-t-il assuré, qualifiant cette réforme d’« événement le plus important dans le domaine médical depuis la fondation » des États-Unis. Il promet des premières baisses « spectaculaires » dès janvier et y voit un atout majeur pour les élections de mi-mandat.

Quelques heures avant son discours, neuf grands groupes pharmaceutiques, dont le français Sanofi, ont conclu un accord avec l’administration Trump pour réduire le prix de certains médicaments en échange d’exemptions de droits de douane. Des accords similaires avaient déjà été signés avec Pfizer et AstraZeneca. « Les autres viendront dans les semaines à venir », a promis le président américain.

Un enjeu politique majeur à l’approche des élections

Donald Trump a également répondu aux critiques liant droits de douane et inflation, affirmant que les États-Unis enregistrent actuellement « les meilleurs chiffres sur l’inflation depuis des années ». En Caroline du Nord, État disputé en vue des élections de mi-mandat de 2026, le président cherche à convaincre un électorat dont une partie se dit insatisfaite et attend des baisses de prix concrètes.

La question du coût des médicaments, au cœur de ce discours, apparaît ainsi comme un levier politique central, mêlant enjeux économiques, relations internationales et stratégie électorale.