Réunis samedi à l’occasion du sommet du Mercosur, les dirigeants sud-américains ont affiché de profondes divergences face à l’hypothèse d’une intervention armée des États-Unis au Venezuela. Tandis que le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a mis en garde contre un scénario aux conséquences humanitaires majeures, son homologue argentin Javier Milei a, au contraire, salué la pression exercée par Washington pour provoquer un changement de régime à Caracas.
Lula dénonce le retour d’une puissance militaire étrangère
À l’ouverture du sommet, Lula a exprimé sa vive inquiétude face à l’escalade des tensions. « Une intervention armée au Venezuela serait une catastrophe humanitaire pour l’hémisphère sud et un précédent dangereux pour le monde », a-t-il déclaré. Le chef de l’État brésilien a également souligné la portée symbolique d’une telle éventualité, rappelant que « quatre décennies après la guerre des Malouines, le continent sud-américain est à nouveau hanté par la présence militaire d’une puissance étrangère ».
Jeudi déjà, Lula s’était dit prêt à jouer un rôle de médiateur entre Washington et Caracas afin de favoriser une « solution pacifique » et « éviter un conflit armé en Amérique latine », évoquant la possibilité d’un échange direct avec le président américain.
Milei soutient la stratégie de Washington
À l’opposé, le président argentin Javier Milei a tenu un discours très ferme à l’égard du pouvoir vénézuélien. Il a salué « la pression des États-Unis et de Donald Trump pour libérer le peuple vénézuélien », qualifiant le régime de Nicolas Maduro de « dictature atroce et inhumaine ». Selon lui, cette situation constitue « un danger » et « une honte » pour l’ensemble du continent, susceptible d’entraîner la région dans une instabilité durable.
Trump n’exclut pas la guerre
Les déclarations latino-américaines interviennent alors que le président américain Donald Trump a reconnu, dans un entretien à la chaîne NBC diffusé vendredi, ne pas exclure une option militaire. « Non, je ne l’exclus pas », a-t-il répondu à propos d’une possible guerre contre le Venezuela, lors d’un entretien téléphonique enregistré la veille.
Depuis l’été, Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes et mené plusieurs frappes contre des embarcations présentées comme liées au trafic de drogue, dans les Caraïbes et le Pacifique. Selon les chiffres disponibles, au moins 104 personnes ont été tuées depuis le début de ces opérations, sans que les autorités américaines n’aient rendu publiques des preuves établissant l’implication effective des navires visés dans des activités criminelles.
Blocus pétrolier et menaces d’intervention terrestre
En début de semaine, Donald Trump a également annoncé un « blocus total » visant les pétroliers sous sanctions se rendant au Venezuela ou en partant. Parallèlement, la Maison-Blanche continue d’agiter la menace d’une intervention terrestre. Les États-Unis accusent le président vénézuélien Nicolas Maduro d’être à la tête d’un réseau de trafic de drogue, des accusations que le chef de l’État vénézuélien rejette catégoriquement.
Dans ce contexte, le sommet du Mercosur met en lumière les fractures régionales face à la stratégie américaine, entre appel à la désescalade diplomatique et soutien assumé à une pression accrue sur Caracas.