Commission sur l’audiovisuel public : le président suspend les convocations dans l’attente d’un « cadre digne »

Le président de la commission d’enquête parlementaire sur l’audiovisuel public, Jérémie Patrier-Leitus, a annoncé ce mardi 23 décembre la suspension de l’envoi des convocations aux auditions, après une série d’incidents ayant marqué les travaux de la commission. Cette décision intervient dans un contexte de fortes tensions, liées notamment à des accusations de déformation des propos de plusieurs personnes auditionnées.

«Il ne s’agit pas d’une suspension de la commission ou de ses travaux, qui reprendront. Mais nous avions fixé des règles et celles-ci ne sont pas toujours respectées », a déclaré le député Horizons, confirmant une information révélée par Le Monde. L’objectif affiché est de permettre un retour à un fonctionnement jugé « digne, sérieux et respectueux ».

Une réunion prévue début janvier

Dans un communiqué, Jérémie Patrier-Leitus a précisé avoir convoqué une réunion du bureau de la commission le mardi 6 janvier à 16 heures. Y participeront le rapporteur, les membres du bureau ainsi qu’un représentant par groupe politique. À l’issue de cette réunion, les convocations aux auditions devraient reprendre.

« Il faut un socle minimal de règles partagé par tous pour que ces travaux se déroulent dans un cadre digne, sérieux et respectueux », a insisté le président de la commission, soulignant la nécessité de clarifier les pratiques et le comportement des différents acteurs impliqués.

Des tensions persistantes depuis le lancement

Créée à la demande de l’UDR, parti allié du RN favorable à la privatisation de l’audiovisuel public, la commission d’enquête évolue dans un climat très tendu depuis son lancement, fin novembre. Plusieurs personnes auditionnées ont exprimé leur mécontentement face à ce qu’elles estiment être une déformation publique de leurs propos.

La présidente de Radio France, Sibyle Veil, a notamment adressé un courrier aux membres de la commission pour dénoncer les « déformations publiques » de ses déclarations en audition. Elle visait des publications diffusées sur le réseau social X par le rapporteur de la commission, le député UDR Charles Alloncle.

Des auditions controversées

Le président de la commission a rappelé à plusieurs reprises que celle-ci ne devait pas se transformer en « procès » de l’audiovisuel public. Lors des auditions des journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen, la tension est encore montée d’un cran. Plusieurs élus de gauche ont alors demandé d’« arrêter le spectacle », dénonçant une « tentative d’humiliation » de la part du RN et de l’UDR.

Les deux journalistes avaient été vivement critiqués après la diffusion d’une vidéo enregistrée à leur insu, les montrant attablés dans un restaurant avec des cadres du Parti socialiste. Cet épisode a renforcé les accusations de mise en cause personnelle et de dérive politique des auditions.

En suspendant temporairement les convocations, la présidence de la commission entend apaiser les débats et rétablir des conditions de travail jugées compatibles avec la mission d’enquête parlementaire.

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