La Commission d’enquête parlementaire sur l’audiovisuel public marque une pause. À la suite de plusieurs auditions particulièrement tendues, son président, Jérémie Patrier-Leitus, a décidé de suspendre l’envoi de nouvelles convocations jusqu’au début du mois de janvier. Une décision présentée comme un rappel à l’ordre visant à rétablir un cadre de travail jugé dégradé.
Des auditions sous haute tension
Ces derniers jours, la commission a auditionné plusieurs figures majeures de l’audiovisuel public, notamment les dirigeantes de France Télévisions et de Radio France, ainsi que des éditorialistes comme Patrick Cohen et Thomas Legrand. Ces échanges ont parfois viré à l’affrontement, en particulier entre Patrick Cohen et le rapporteur de la commission, Charles Alloncle.
Au-delà de ces tensions, le président de la commission pointe également le comportement de certains députés, notamment issus de La France insoumise. Lors de précédentes auditions, la députée Ersilia Soudais avait accusé l’humoriste Sophia Aram de racisme, tandis qu’Aymeric Caron s’était vivement attaqué à Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions.
Face à ces débordements, Jérémie Patrier-Leitus a estimé nécessaire de suspendre temporairement les travaux afin de retrouver, selon ses mots, « un cadre digne avant d’organiser de nouvelles auditions ».
Une suspension qui complique le calendrier
Cette décision n’est toutefois pas sans conséquence sur le calendrier de la commission. Le rapporteur, Charles Alloncle, doit impérativement achever les auditions avant la fin du mois de mars, puis rédiger un rapport assorti de recommandations. La suspension actuelle réduit donc une marge de manœuvre déjà étroite.
À cette contrainte de temps s’ajoute un autre point de friction : l’absence de documents transmis par France Télévisions. Selon plusieurs sources, aucun élément n’a pour l’instant été communiqué à la commission, ce qui complique le travail d’analyse et d’évaluation.
France Télévisions dément toute obstruction
De son côté, France Télévisions conteste toute volonté de bloquer les travaux parlementaires. La direction du groupe public assure à Europe 1 « ne pas vouloir faire d’obstruction au travail parlementaire » et affirme sa volonté de coopérer avec la commission d’enquête.
Reste à savoir si la reprise des auditions en janvier permettra d’apaiser les tensions et de rattraper le retard accumulé. L’enjeu est de taille : au-delà des polémiques, la commission est chargée d’évaluer le fonctionnement et l’indépendance de l’audiovisuel public, dans un contexte de débats récurrents sur son financement, sa gouvernance et son rôle démocratique.