Les tensions militaires entre la Thaïlande et le Cambodge se poursuivent malgré l’ouverture de pourparlers entre les deux pays mercredi 24 décembre. Alors que des affrontements continuent sur des zones frontalières disputées, l’armée thaïlandaise se retrouve au cœur d’une vive polémique après la destruction d’un édifice religieux hindou, provoquant une vague d’indignation régionale et internationale.
Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre une pelleteuse de l’armée thaïlandaise renversant une statue de la divinité hindoue Vishnu, érigée par le Cambodge sur un territoire contesté. On y entend également des soldats se réjouir tandis que la statue s’effondre. Ces images ont rapidement suscité de fortes réactions, notamment au Cambodge, mais aussi en Inde, pays à majorité hindoue.
Réactions indignées jusqu’en Inde
À New Delhi, les autorités indiennes ont officiellement réagi en dénonçant des « actes irrespectueux ». « Indépendamment des revendications territoriales, de tels actes irrespectueux heurtent les sentiments des fidèles du monde entier et ne devraient pas avoir lieu », a déclaré le ministère indien des Affaires étrangères, cité par la télévision publique. L’Inde a par ailleurs appelé les deux pays à « renouer le dialogue » et à « rétablir la paix ».
Au Cambodge, la destruction de la statue est perçue comme une atteinte à la fois religieuse et symbolique, dans un contexte déjà marqué par de fortes tensions militaires le long de la frontière.
Bangkok minimise la polémique
Le Premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul, a tenté de désamorcer la controverse en affirmant qu’il n’y avait aucune intention d’irrespect. « Une statue détruite ne peut en aucun cas être comparée aux jambes que nos soldats ont perdu, ni à un acte de profanation. Je ne ferais jamais une telle comparaison », a-t-il déclaré, en référence aux pertes subies par l’armée thaïlandaise lors des affrontements récents.
De son côté, l’armée thaïlandaise justifie la destruction du monument par la nécessité de « rétablir le contrôle de sa souveraineté » sur une zone qu’elle considère comme relevant de son territoire. Le Cambodge affirme au contraire que la statue se trouvait sur son sol, à quelques centaines de mètres de la frontière internationale.
Vers une tentative de désescalade
Dans ce contexte tendu, les ministres de la Défense des deux pays doivent se rencontrer samedi 27 décembre afin d’évoquer une éventuelle trêve. Cette rencontre est attendue comme une première étape vers une désescalade, alors que les incidents militaires et symboliques alimentent les tensions diplomatiques entre Bangkok et Phnom Penh.
La destruction de la statue de Vishnu illustre ainsi la dimension à la fois territoriale, politique et culturelle d’un conflit frontalier ancien, dont les répercussions dépassent désormais le cadre strictement régional.