Israël a vivement rejeté l’appel lancé par quatorze pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon, l’exhortant à mettre un terme à l’expansion des colonies juives en Cisjordanie occupée. Dans une déclaration publiée dans la nuit de mercredi à jeudi sur le réseau social X, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a qualifié cette prise de position de « moralement répréhensible ».
« Des gouvernements étrangers ne vont pas restreindre le droit des Juifs à vivre en terre d’Israël, et tout appel en ce sens est moralement répréhensible », a affirmé le chef de la diplomatie israélienne. Selon lui, la récente décision d’approuver l’établissement de nouvelles colonies répond avant tout à des impératifs sécuritaires. « La décision d’établir 11 nouvelles colonies et de légaliser huit colonies supplémentaires vise notamment à répondre aux menaces sécuritaires auxquelles Israël est confronté », a-t-il ajouté.
Dimanche, les autorités israéliennes ont annoncé avoir donné leur feu vert à l’installation de 19 colonies en Cisjordanie occupée. Cette décision porte à 69 le nombre total d’implantations approuvées au cours des trois dernières années. Une orientation revendiquée par plusieurs membres du gouvernement, notamment le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, qui s’est félicité de cette politique en déclarant : « Sur le terrain, nous bloquons l’établissement d’un État palestinien terroriste ».
Les quatorze pays signataires de l’appel ont, pour leur part, condamné ce qu’ils qualifient d’« action unilatérale ». Ils estiment que l’expansion des colonies « risque de fragiliser un cessez-le-feu déjà précaire à Gaza », en vigueur depuis octobre dans le territoire palestinien, ravagé par deux années de guerre. Ils ont également réaffirmé leur « engagement indéfectible en faveur d’une paix globale, juste et durable fondée sur la solution à deux États », israélien et palestinien.
Aujourd’hui, plus de 500 000 Israéliens vivent en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël, au milieu d’environ trois millions de Palestiniens. Les Nations unies considèrent ces colonies comme illégales au regard du droit international. La colonisation, amorcée après la guerre de 1967, s’est poursuivie sous l’ensemble des gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, mais elle s’est nettement intensifiée sous l’actuel exécutif, en particulier depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, à la suite de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
L’Autorité palestinienne a également dénoncé l’annonce israélienne. Elle estime que cette politique ne peut être « dissociée de la politique systématique d’Israël visant à empêcher toute possibilité réelle d’établir un État palestinien indépendant et souverain ». Elle accuse en outre Israël d’une « accélération du vol des terres palestiniennes » et d’une « escalade du terrorisme des colons », dans un contexte déjà marqué par de fortes tensions sur le terrain.