Le Royaume-Uni impose des restrictions de visas aux citoyens de la RDC

Le Royaume-Uni a annoncé l’instauration de restrictions sur les visas à l’encontre des citoyens de la République démocratique du Congo (RDC), accusant les autorités congolaises de ne pas coopérer suffisamment au retour des migrants en situation irrégulière que Londres souhaite expulser.

Dans un communiqué publié samedi 27 décembre au soir, le ministère britannique de l’intérieur (Home Office) indique que les ressortissants congolais doivent désormais « demander un visa comme tout le monde », tandis que les services de traitement accéléré des demandes de visas ont été « supprimés pour tous les ressortissants du pays ». Le Home Office avertit par ailleurs que des mesures supplémentaires pourraient être prises, allant jusqu’à « un arrêt de la délivrance des visas », si la coopération de la RDC « ne s’améliore pas rapidement ».

Londres dénonce un manque de coopération

Selon les autorités britanniques, la RDC aurait « échoué » à améliorer les procédures de retour de ses ressortissants expulsés du Royaume-Uni. Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de durcissement de la politique migratoire britannique, visant à accélérer les expulsions de personnes en situation irrégulière.

La ministre de l’intérieur, Shabana Mahmood, a déclaré que Londres attendait des pays concernés qu’ils « respectent les règles ». « Si l’un de leurs citoyens n’a pas le droit d’être ici, ils doivent le reprendre », a-t-elle affirmé. Elle a ajouté : « Il est temps que la République démocratique du Congo fasse ce qu’il faut. Récupérez vos citoyens ou perdez le privilège d’entrer dans notre pays. »

Réaction de Kinshasa et poursuite des discussions

De son côté, le gouvernement congolais affirme que des discussions sont en cours avec les autorités britanniques. Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) que « des échanges sont en cours entre les ministères de l’intérieur et des affaires étrangères et l’ambassade du Royaume-Uni à Kinshasa ». Selon lui, « le cadre de la procédure a été clarifié et les points opérationnels ont été identifiés ».

Une réunion est prévue le 30 décembre afin de « parvenir à une convergence de vues et de trouver un accord ». Patrick Muyaya a précisé que « même lorsqu’il s’agit de rapatriement, cela doit se faire dans le respect des normes ». Il estime également que « la mesure annoncée ne peut être appliquée tant que les discussions se poursuivent », les deux parties visant « une solution d’ici au 30 janvier ».

Un avertissement « inédit » adressé à plusieurs pays africains

Cette décision fait suite à un avertissement lancé en novembre par la ministre britannique de l’intérieur à l’Angola, à la Namibie et à la RDC. Londres reprochait alors à ces pays d’entraver le retour des migrants que le Royaume-Uni souhaitait expulser, leur donnant un mois pour améliorer leur coopération.

Selon le Home Office, l’Angola et la Namibie ont accepté de reprendre « les migrants illégaux et les criminels ». En revanche, la RDC est le seul pays à se voir imposer des restrictions de visas, faute d’amélioration jugée suffisante des procédures de retour.

Une priorité du gouvernement travailliste

Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement travailliste en juillet 2024, près de 50 000 personnes ont été expulsées du Royaume-Uni, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’intérieur. Le Premier ministre Keir Starmer a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière l’une de ses priorités politiques.

Cette ligne dure s’explique notamment par la pression croissante du parti d’extrême droite Reform UK, actuellement en tête des sondages, dans un contexte de débat intense sur l’immigration au Royaume-Uni.

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