En Syrie, les billets de banque tournent la page Assad et adoptent des symboles agricoles

La Syrie a officiellement engagé un changement symbolique fort en remplaçant le portrait de l’ancien président Bachar Al-Assad sur ses billets de banque par des images de roses, d’oranges, d’olives, de blé et d’autres symboles agricoles du pays. L’annonce a été faite lundi 29 décembre par le président de transition, Ahmed Al-Charaa, lors d’une présentation à la presse.

Pour le nouveau chef de l’État, arrivé au pouvoir après la chute de Bachar Al-Assad il y a un an, cette réforme marque « la fin d’une phase antérieure qui ne sera pas regrettée et le début d’une nouvelle phase à laquelle le peuple syrien aspire ». Les nouveaux billets, dont les valeurs s’échelonnent de 10 à 500 livres syriennes, commenceront à entrer en circulation à partir du 1ᵉʳ janvier.

Selon Ahmed Al-Charaa, le nouveau design monétaire vise à rompre avec la personnalisation du pouvoir et la glorification des dirigeants. « Le nouveau design de la monnaie est l’expression d’une nouvelle identité nationale et marque une rupture avec la vénération d’individus », a-t-il déclaré. Les effigies de Bachar Al-Assad et de son père, Hafez Al-Assad, qui ont dirigé la Syrie pendant plusieurs décennies, figuraient jusqu’ici sur certaines coupures encore en circulation.

Une réforme monétaire face à l’effondrement économique

Au-delà de l’aspect symbolique, cette réforme s’inscrit dans une tentative de redressement de l’économie syrienne, durement frappée par plus d’une décennie de guerre civile. La livre syrienne, qui valait environ 50 livres pour un dollar avant 2011, s’échange aujourd’hui autour de 10 000 à 11 000 livres pour un dollar. Cette dépréciation extrême oblige la population à transporter de volumineuses liasses de billets, y compris pour des achats courants.

« Si quelqu’un veut acheter quelque chose de simple, il doit transporter des sacs pour pouvoir effectuer ses achats. Les gens se tournent alors vers le dollar », a reconnu Ahmed Al-Charaa. Pour remédier à cette situation, les autorités ont décidé de supprimer deux zéros sur les nouveaux billets afin de simplifier les transactions et de renforcer la confiance dans la monnaie nationale. « La Syrie mérite une économie forte et une monnaie stable », a insisté le président de transition.

Vers une réouverture économique

Ce changement intervient alors que les États-Unis ont annoncé la levée définitive des sanctions dites « César », ouvrant la voie à un possible retour des investissements étrangers après des années d’isolement économique. Jusqu’à présent, les billets syriens étaient imprimés en Russie, un ancien soutien clé du pouvoir déchu. Le gouverneur de la Banque centrale syrienne, Abdul Qadir Al-Hasriya, n’a toutefois pas précisé où la nouvelle monnaie serait produite.

Entre symbole politique et nécessité économique, la nouvelle série de billets illustre la volonté des autorités syriennes de tourner la page de l’ère Assad et de projeter l’image d’un pays en quête de stabilité et de renouveau.

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