Malgré un engagement pris auprès de l’administration Trump d’investir jusqu’à 750 milliards de dollars dans l’énergie américaine, l’Union européenne a récemment réduit ses dépenses en pétrole et en gaz en provenance des États-Unis. Sur les quatre derniers mois, les États membres ont dépensé environ 7 % de moins qu’auparavant, une évolution qui va à l’encontre de l’accord conclu avec Washington.
Cette baisse s’explique principalement par la chute des prix de l’énergie observée depuis le mois d’août, davantage que par une diminution des volumes importés. En réalité, l’UE a même augmenté ses achats de gaz naturel liquéfié (GNL) américain depuis la signature de l’accord. Toutefois, cette hausse des volumes n’a pas suffi à compenser l’effet des prix plus bas sur la facture globale.
Selon le cabinet de conseil en énergie Kpler, les importations européennes de pétrole et de gaz américains ont plafonné à 29,6 milliards de dollars entre septembre et décembre. Sur l’ensemble de l’année 2025, elles n’ont pas dépassé les 74 milliards de dollars, un montant légèrement inférieur à celui de 2024. Surtout, ce chiffre reste très éloigné de l’objectif fixé : pour honorer l’engagement pris, l’UE devrait importer pour environ 250 milliards de dollars d’énergie américaine par an entre 2026 et 2028.
Un engagement jugé irréaliste
Pour Kpler, l’accord apparaît « irréaliste ». Même si l’Union européenne remplaçait totalement le gaz russe par du GNL américain, elle n’atteindrait pas le quart des montants nécessaires. Un tel objectif supposerait un quadruplement des prix du gaz, les ramenant aux niveaux exceptionnels de 2022, au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Or, un tel scénario va à l’encontre des prévisions actuelles du marché, marquées par des augmentations de production attendues, notamment au Qatar et aux États-Unis.
« Les calculs ne sont pas bons. Nous ne comprenons pas la logique apparente, si ce n’est que l’accord commercial vise manifestement à réduire les droits de douane américains », a déclaré Gillian Boccara, directrice de Kpler.
Un accord surtout politique ?
Pour plusieurs observateurs, cet engagement aurait surtout servi à gagner du temps dans les négociations commerciales avec Washington. Il aurait permis au bloc européen de chercher des concessions sur les tarifs douaniers, tout en repoussant l’échéance de résultats concrets. Certains estiment même que l’UE espère attendre un éventuel changement politique à la Maison Blanche, à partir de janvier 2029.
« Il faut repousser l’heure des comptes. Et peut-être que la guerre sera finie quand cette heure arrivera », a confié un ancien député européen au Financial Times. D’ici là, Bruxelles cherche à maintenir de bonnes relations avec Washington afin de préserver sa stratégie de distanciation énergétique vis-à-vis de la Russie.
L’Union européenne affirme toutefois vouloir intensifier ses importations à partir de 2026. Un porte-parole a assuré que « cette tendance va se poursuivre à l’avenir », précisant qu’au moins neuf nouveaux contrats de long terme pour du GNL américain ont été signés cette année par des acheteurs européens. Reste à savoir si ces engagements suffiront à rapprocher l’UE des objectifs ambitieux annoncés.