Le Venezuela augmente ses effectifs militaires de plus de 5 500 soldats sur fond de tensions avec les États-Unis

Le Venezuela a procédé à un renforcement significatif de ses forces armées en engageant plus de 5 500 nouveaux soldats, dans un contexte de tensions croissantes avec les États-Unis dans la mer des Caraïbes. Cette décision intervient alors que Washington intensifie sa présence militaire navale dans la région, officiellement dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Un recrutement militaire accéléré
Selon les autorités vénézuéliennes, l’armée a récemment assermenté environ 5 600 nouvelles recrues. Le président Nicolás Maduro a appelé à une intensification du recrutement, estimant que le pays fait face à une pression militaire directe des États-Unis. Caracas dénonce notamment le déploiement par Washington d’une flotte de navires de guerre dans la mer des Caraïbes, incluant l’USS Gerald R. Ford, présenté comme le plus grand porte-avions au monde.

Les autorités vénézuéliennes affirment que, au cours des quatre derniers mois, des forces américaines ont mené des frappes meurtrières contre au moins 20 navires à proximité des côtes vénézuéliennes, causant la mort de plus de 80 personnes.

Accusations américaines contre Nicolás Maduro
Les États-Unis accusent Nicolás Maduro de diriger le « Cartel des Soleils », récemment désigné par Washington comme organisation terroriste. Le président vénézuélien rejette ces accusations et soutient que les États-Unis cherchent à renverser son gouvernement afin de prendre le contrôle des importantes réserves pétrolières du pays.

Sur le plan politique, Nicolás Maduro est contesté sur la scène internationale depuis l’élection présidentielle de 2024, dont les résultats ont été largement remis en cause par plusieurs pays occidentaux. Bien qu’annoncé battu, il a refusé de céder le pouvoir, affirmant avoir remporté le scrutin. Son gouvernement bénéficie toutefois du soutien de plusieurs États, dont la Chine, la Russie, l’Iran, la Turquie, la Syrie et Cuba.

Les capacités militaires du Venezuela
Selon le classement Global Firepower (GFP), le Venezuela disposerait de la 50e armée la plus puissante au monde. Le pays compterait environ 200 000 soldats actifs, auxquels s’ajouteraient près de 200 000 policiers. Face au déploiement naval américain, des responsables militaires vénézuéliens ont multiplié les déclarations fermes. Le colonel Gabriel Alejandro Rendon Vilchez a ainsi affirmé : « Nous ne permettrons en aucun cas une invasion par une force impérialiste », en référence directe aux États-Unis.

Quatre mois de frappes navales américaines
Depuis septembre, les États-Unis ont lancé plusieurs frappes aéronavales contre des navires présentés comme liés au narcotrafic dans la mer des Caraïbes. La première opération, le 2 septembre, a visé un hors-bord transportant une « quantité considérable de marchandises ». Selon Donald Trump, 11 personnes auraient été tuées lors de cette frappe, identifiées comme membres du gang Tren de Aragua.

Dans les semaines suivantes, quatre autres frappes ont été menées, faisant au total 16 morts supplémentaires. Une seule de ces opérations aurait permis la saisie effective de drogue. Les autorités vénézuéliennes affirment que certains navires visés étaient des bateaux de pêche et que plusieurs victimes, dont des citoyens colombiens, n’avaient aucun lien avec des organisations criminelles.

Le secrétaire à la Guerre, Pete Hegseth, a justifié ces opérations en déclarant que les cartels de la drogue constituaient « l’Al-Qaïda de l’hémisphère occidental », estimant que les États-Unis étaient en droit d’agir par la force pour défendre leurs intérêts.

Des inquiétudes juridiques et humanitaires
Des experts en droits de l’homme ont vivement critiqué ces frappes, les jugeant contraires au droit international maritime. Selon eux, plusieurs navires se trouvaient dans les eaux internationales et ne représentaient pas de menace immédiate pour les États-Unis. Ils soulignent également que la désignation de groupes comme « terroristes » ne suffit pas à rendre des cibles légitimes au regard du droit international.

Il a été confirmé qu’au moins trois des navires coulés étaient effectivement utilisés par des cartels de la drogue, tandis qu’au moins trois autres ne l’étaient pas. Dans ce contexte tendu, l’augmentation des effectifs militaires vénézuéliens apparaît comme une réponse directe à une escalade militaire régionale dont les conséquences restent incertaines.

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