La Thaïlande a libéré 18 soldats cambodgiens faits prisonniers lors de récents affrontements frontaliers, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu entre Bangkok et Phnom Penh. Cette libération intervient après plusieurs mois de combats meurtriers entre les deux pays, liés à des revendications territoriales concurrentes le long de leur frontière commune.
La remise des soldats a eu lieu au même poste de contrôle frontalier reliant la province thaïlandaise de Chanthaburi à celle de Pailin, au Cambodge. C’est à cet endroit que les ministres de la Défense des deux pays avaient signé, samedi dernier, l’accord de cessez-le-feu prévoyant explicitement la libération des prisonniers.
Dans un communiqué, le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a indiqué que le rapatriement des 18 soldats cambodgiens constituait « une démonstration de bonne volonté et de confiance », ajoutant que cette décision s’inscrivait dans le respect des principes humanitaires internationaux.
De son côté, le ministère cambodgien de la Défense a salué une mesure qui « crée un environnement propice à la paix, à la stabilité et à la normalisation complète des relations dans l’intérêt des deux nations et de leurs populations dans un avenir proche ». Selon Phnom Penh, la libération des soldats élimine un obstacle majeur à l’apaisement des tensions, après deux séries de combats particulièrement destructeurs.
La détention des prisonniers avait été au cœur des crispations bilatérales. Les autorités thaïlandaises soutenaient qu’elles étaient en droit de les retenir en vertu des Conventions de Genève, qui autorisent la détention de prisonniers de guerre jusqu’à la fin des hostilités. Bangkok assurait également que les soldats cambodgiens avaient bénéficié de visites du Comité international de la Croix-Rouge et de droits garantis par le droit humanitaire international. À l’inverse, le gouvernement cambodgien avait utilisé leur captivité pour mobiliser l’opinion publique nationale et renforcer le sentiment nationaliste face à la Thaïlande.
Mercredi, le ministère cambodgien de la Défense a déclaré que le gouvernement était « resté fidèle à la promesse faite aux familles des 18 soldats et au peuple cambodgien, à savoir qu’aucun soldat ne serait laissé pour compte ». L’accord de cessez-le-feu stipulait que les soldats seraient libérés si l’arrêt des combats était respecté pendant 72 heures après son entrée en vigueur, samedi à midi. Ce délai s’est achevé mardi, mais les autorités thaïlandaises ont indiqué avoir retardé la libération afin d’évaluer la situation sécuritaire, affirmant que près de 250 drones cambodgiens avaient été détectés le long de la frontière.
Les circonstances exactes de la capture des soldats restent contestées. Selon Phnom Penh, les militaires cambodgiens se seraient approchés d’une position thaïlandaise avec des intentions pacifiques, dans le but d’échanger des salutations après les combats. Bangkok affirme au contraire que les soldats cambodgiens avaient des intentions hostiles, qu’ils auraient pénétré sur un territoire que la Thaïlande considère comme le sien, avant d’être capturés. Initialement, 20 soldats avaient été faits prisonniers, mais deux avaient été rapatriés rapidement pour des raisons médicales.
Le cessez-le-feu initial, conclu fin juillet, avait été négocié sous l’égide de la Malaisie et fortement encouragé par la pression du président américain Donald Trump, qui avait menacé de suspendre certains privilèges commerciaux en l’absence d’accord. Ce cessez-le-feu a ensuite été formalisé plus en détail en octobre, lors d’une réunion régionale en Malaisie à laquelle le président américain avait assisté.
Malgré ces engagements, les relations entre les deux pays sont restées tendues. Une guerre de propagande intense s’est poursuivie et des incidents transfrontaliers mineurs ont continué, avant de dégénérer début décembre en affrontements violents de plus grande ampleur. Selon les autorités thaïlandaises, les combats survenus depuis le 7 décembre ont coûté la vie à 26 soldats thaïlandais et à 44 civils.
La libération des prisonniers est désormais perçue comme une étape clé vers une désescalade durable, même si la stabilité du cessez-le-feu reste fragile dans une région marquée par des tensions historiques persistantes.